Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — COTES SUD-EST.

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porte sans doute aussi la manie qu'ont les Betjouanas de deviner l'avenir au moyen d'une espèce de dés pyramidaux faits avec des ongles d'antilope. L'œuvre de leur conversion au christianisme a été tentée; ils ne sont pas intolérants, mais ils ont l'air de rire de nos dogmes et de se moquer de notre culte. Lorsqu'on leur parle du Dieu de la paix, ils répondent : « Qu'il se fâche tant qu'il voudra, nous no saurions nous empêcher de faire la guerre. » Un seul missionnaire leur a inspiré quelque considération et même quelque attachement, parce qu'il leur fit connaître la charrue. Ils ont pour armes une hassagaie, peu différente de celle des Cafres, et une massue; M. Lichtenstein ne dit rien du bouclier. Depuis quelques années, ils se servent aussi contre les Boschimans des mêmes flèches empoisonnées qu'ils enlèvent à ces implacables brigands, car ils ne savent pas les faire. La population, au lieu de diminuer par les fréquentes guerres, s'accroît chez les tribus victorieuses du nombre des femmes ennemies qu'on emmène prisonnières, ainsi que les enfants en bas âge. Sans connaître encore la traite des esclaves, les Betjouanas semblent déjà deviner les avantages qu'ils pourraient retirer de la vente de leurs prisonniers. Ils offrirent aux compagnons de M. Lichtenstein d'échanger des enfants de dix ans contre des moutons. La disproportion entre le nombre des hommes et des femmes, générale dans les pays qui avoisinent le Tropique, a fait naître et perpétuer la polygamie en même temps qu'elle retient les femmes dans une sorte de servilité. Aussitôt qu'un jeune homme peut penser à s'établir, il emploie une partie de son bien à l'acquisition d'une femme, qui lui coûte ordinairement dix à douze bœufs. La première occupation de la nouvelle mariée est de bâtir une maison, pour la construction de laquelle elle doit elle-même abattre le bois nécessaire; quelquefois sa mère et ses sœurs l'aident dans ce travail. La construction d'une étable avec son enclos, la culture des champs et tous les soins du ménage font également partie des devoirs serviles d'une femme betjouane. Quand le troupeau s'est accru en nombre, le Betjouana pense à augmenter sa famille en achetant une seconde femme, qui est également obligée de bâtir une maison avec étable et jardin. Ainsi le nombre des femmes qu'un homme a, donne la mesure de sa richesse. Les femmes paraissent très-fécondes, et un Betjouana, entouré de sa nombreuse famille, ne ressemble pas mal à un patriarche, tel que la Bible nous en offre le tableau. Les Betjouanas se distinguent de tous les peuples situés dans leur voisinage par leur probité, la douceur de leur caractère et leur industrie. Une


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