Géographie complète et universelle. Tome 4

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569 AFRIQUE. — COTES SUD-EST.

la dissimulation, et savent ménager avec adresse leurs intérêts personnels. Remuants et toujours actifs, même sans occupation déterminée, ils ne dorment jamais le jour-, en temps de pleine lune, ils passent même souvent les nuits à danser et à chanter. Très-bornés dans leurs appétits, ils s'endurcissent à la fatigue, en courant des jours entiers sans prendre d'autre nourriture que celle qui s'offre sous leurs pas dans les plaines incultes et découvertes de quelques contrées arides. Chez eux, ils vivent communément de lait caillé. Les viandes que la chasse fournit sont leur mets favori ; ils tuent rarement du bétail. Ils mangent la chair d'hyènes, de loups, de renards, de chats, de cygnes; mais ils ont une horreur invincible pour le poisson. La cendre dans laquelle ils rôtissent les viandes remplace le sel, dont leur pays manque absolument. Ce n'est qu'au dernier besoin qu'ils boivent de l'eau ; ils ne s'en servent pas non plus pour se laver. Ils ignorent l'art que possèdent les Koussas d'extraire des grains une boisson fermentée; mais le vin et l'eau-de-vie, présentés par les Européens, les ont sur-le-champ séduits. L'emploi de certaines herbes en fumée ou en poudre leur était familier longtemps avant l'arrivée des Européens : aussi ils ont conservé au tabac le nom particulier de montiouko, tandis que les tribus hottentotes, qui fument également des herbes sauvages, notamment du dakha (phlomis leonorus), ont adopté dans leur langue le mot estropié Iwak. Leurs vêtements, très-propres, sont faits avec les peaux de divers animaux, tels que civettes, chacals, chats sauvages, antilopes. Les hommes assujettissent les parties sexuelles sous un bizarre bandage de cuir comme les Jagas, et les femmes portent plusieurs tabliers les uns au-dessus des autres : elles voilent surtout avec soin la poitrine, en laissant le ventre à découvert. Parmi leurs ornements, on remarque surtout les boucles de cuivre jaune, dont six à huit leur pendent à chaque oreille, ainsi que les bracelets élastiques du même métal, et les larges anneaux d'ivoire qu'ils mettent à la partie inférieure du bras. N'ayant pas de scie, ils font amollir l'ivoire dans du lait, et le taillent ensuite péniblement avec le couteau. Ils paraissent posséder l'art de faire du fil d'archal ·, car le fil fin de cuivre qu'ils entortillent très-ingénieusement autour d'une mèche de queue de girafe pour faire leurs bracelets, est d'un métal tout particulier, et cette sorte de marchandise n'entre point dans les objets d'échange qui composent les pacotilles des vaisseaux européens destinées au commerce d'Afrique. Cependant M. Lichtenstein compta jusqu'à soixante-douze de ces bracelets sur les bras d'une seule femme. IV.

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