Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME.

épaules de peau de panthère. « Nous fûmes, dit Campbell, surpris de l'éten« due de Kourritchané : chaque maison était entourée, à une distance « convenable, d'un mur circulaire en pierre; quelques-unes étaient cré« pies et peintes en jaune à l'extérieur, nous en remarquâmes une dont la « peinture en rouge et en jaune ne manquait pas de goût. Le sol de l'espace « compris entre la maison et le mur était couvert d'argile aussi unie qu'un « plancher, et balayé très-proprement. Nous aperçûmes enfin une vaste « plaine environnée de montagnes, et dont la circonférence pouvait être « d'une centaine de milles. On nous dit qu'elle abondait en buffles et en « éléphants, et on nous montra plusieurs coteaux à l'est, sur lesquels il y « avait des villes considérables 1. » Ces diverses peuplades, soumises à des chefs particuliers qui souvent se font la guerre, sont unies par la langue, les mœurs et les habitudes. Grands voyageurs, tous les Betjouanas se connaissent très-bien; les fils de bonne famille, et principalement ceux des chefs qui prétendent à la succession, sont même tenus de faire des courses lointaines, pour former des liaisons d'amitié et des alliances utiles à leur tribu, en cas d'événement. Moins élancés que les Cafres et aussi bien proportionnés, ils ont des formes encore plus élégantes : la teinte brune de leur peau tient le milieu entre le noir brillant des nègres et le jaune terne des Hottentots; la coupe de leur figure ressemble parfaitement à celle des Cafres (Koussas); seulement on y rencontre plus fréquemment des nez arqués et des lèvres à l'européenne; souvent l'expression de leurs yeux, et un je ne sais quoi autour de la bouche, annonce l'homme dont la sensibilité est déjà active sans être encore raffinée; le jeu libre et harmonieux de leurs mines, de leurs gestes, de tous leurs muscles, retrace comme un miroir les mouvements de leur âme; leur langue est sonore, riche en voyelles et en aspirations, bien accentuée ; une déclamation voisine du chant, jointe à une grande douceur, lui prête tout le charme de l'italien. Avides d'instruction, ils assaillent les étrangers de questions, et les importunent souvent par l'excès de leur curiosité. Pour mieux examiner, ils touchent à tout ce qui leur est nouveau, et, pour peu qu'un objet leur convienne, ils le demandent; mais un refus ne les offense pas. La facilité de leur mémoire se manifeste par la promptitude avec laquelle ils retiennent toutes les dénominations hollandaises, et môme des phrases entières, qu'ils prononcent beaucoup mieux que les Hottentots nés dans la colonie. Beaucoup plus éloignés de l'état de nature que les Cafres, ils connaissent l'art de 1

John Campbell : Travels in southern Africa, etc. Lond., 1822.


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