Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME.

remplir avec la plus aimable prévenance : tout étranger est accueilli et fêté; on va, dit-on, jusqu'à lui donner une compagne pour la nuit. Loin d'être une nation belliqueuse, les Koussas ont un penchant décidé pour la tranquillité et le calme de la vie pastorale; ils ne balancent cependant pas à prendre les armes quand il s'agit de défendre ou de faire valoir certains droits réels ou imaginaires. Les armes sont la zagaie ou la hassagaie, espèce de lance longue d'environ 2 mètres, y compris le long fer qui la termine, qu'ils savent lancer jusqu'à la distance de 20 mètres; le bouclier et la massue, qu'ils manient avec une dextérité surprenante ; toutefois ils sont très-mauvais tireurs. Le voyageur Lichtenstein en raconte un exemple. Après avoir distribué de l'eau-de-vie à une troupe de Cafres, on dressa une planche à la distance de 60 pas, en offrant un mouchoir de coton rouge à celui d'entre eux qui le premier atteindrait au but. Ils s'évertuèrent un temps assez considérable avant de remporter le prix; mais la pointe de fer de la zagaie perçait de part en part la planche, qui pouvait avoir un pouce d'épaisseur. On voit par là combien cette arme est dangereuse entre les mains d'un homme déterminé. Le Cafre tient dans la main gauche un faisceau de zagaies, qu'il lance l'une après l'autre de la droite en courant sur son adversaire ; il empoigne la dernière pour frapper à bout portant. «Cet exercice étant fini, continue Lichtenstein, ils nous donnèrent spontanément une représentation de leur manière de combattre. Ils se mirent d'abord en ligne, et imitèrent, avec des efforts aussi violents qu'animés, l'action de décocher le javelot en évitant les coups de l'ennemi. A cet effet, ils changent continuellement de position, sautent de droite à gauche en poussant de grands cris, se jettent par moment contre terre, et se relèvent soudain avee une vigueur prodigieuse pour lancer un nouveau trait. L'agilité et la prestesse de leurs mouvements, la variété et la succession rapide des plus belles attitudes, la superbe taille, les formes gracieuses et la nudité des athlètes, rendirent le spectacle aussi neuf qu'intéressant. » Avant de commencer les hostilités, l'agresseur envoie à son adversaire des hérauts d'armes portant devant eux une queue de lion qui indique leur qualité et la nature du message dont ils sont porteurs. Lorsque l'armée de celui qui a déclaré la guerre est arrivée à proximité du camp de l'ennemi, elle fait halte, et envoie de nouveau des hérauts pour l'avertir de son approche. Si celui-ci n'a pas encore rassemblé toutes ses forces, il en informe son adversaire, qui est obligé d'attendre que l'autre ait complété son inonde, et soit prêt à le combattre. Ce n'est qu'à leurs voisins du nord-ouest, les Bosjesmans, qu'ils font une guerre perpétuelle; ils traitent ces brigands comme


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