Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE.—COTES SUD-EST.

trouve le plus d'enfants chez celles qui ne partagent pas la possession de leur mari avec une autre, et la polygamie n'y favorise pas la population autant qu'on pourrait le croire. L'habitation de chaque famille consiste en une cabane de forme circulaire et très-basse ; sa construction est l'ouvrage de la mère et de ses filles. Le bétail tient lieu de tout au Cafre; il est, pour ainsi dire, l'unique objet de ses pensées et de ses affections. Ce sont les vrais Arcadiens de Théocrite. Quelquefois le beuglement particulier d'une vache a quelque chose de si flatteur pour l'oreille d'un Cafre, qu'il n'a pas de repos qu'il n'en ait fait l'acquisition, et que, pour l'avoir, il la paye beaucoup au-dessus de sa valeur. Aussi le chien le mieux dressé n'obéit-il pas plus ponctuellement à son maître que les bêtes à cornes n'obéissent, chez les Cafres, à la voix de leur conducteur. Un coup de sifflet arrête soudain un nombreux troupeau de boeufs ; un autre coup de sifflet suffit pour le remettre en mouvement. La culture des terres fournit aussi aux Cafres une partie de leur subsistance : les femmes sont chargées de cette besogne. A l'âge de douze ans, les enfants des deux sexes reçoivent une sorte d'éducation auprès du chef de la horde. On les partage en bandes qui se relèvent à mesure que le service l'exige. Les garçons sont chargés de la garde des troupeaux, en même temps que les officiers publics les exercent à lancer le javelot et à manier la massue. Les filles apprennent, sous les yeux des femmes du chef, à faire des habits, à préparer les aliments, et, en un mot, à s'acquitter de tous les travaux de la hutte et du jardin. La circoncision est généralement en usage chez les Cafres ; on la pratique à l'âge où le jeune homme approche de la puberté, sans y attacher aucune idée religieuse. Les enfants traitent leurs parents avec beaucoup d'égards, et leur montrent pendant toute la vie une soumission respectueuse. Les femmes ne prennent régulièrement aucune part aux délibérations qui ont pour objet les intérêts généraux de la horde ; mais, en temps de guerre, lorsqu'on craint pour la vie des ambassadeurs, on députe des femmes pour transmettre des propositions d'accommodement à la horde ennemie; on est sûr qu'il ne leur sera fait aucun mal. Un sentiment universel de bienveillance unit tous ces Cafres, et chaque individu considère le tort fait à un autre comme s'il était fait à lui-même; ils s'entr'aident dans le besoin avec un dévouement sans bornes. Quoique très-intéressés, ils mettent la plus grande bonne foi dans le commerce. L'hospitalité est à leurs yeux un devoir sacré qu'ils s'empressent de IV.

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