Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-SEIZIÈME.

s'imaginer qu'on en pourrait faire de la toile et du cordage. La compagnie des Indes-hollandaises, dans son dernier temps, avait tenté la culture du thé, et l'essai avait assez bien réussi ; mais les Anglais en on fait détruire tous les arbrisseaux, dans la crainte de nuire à leur commerce de Chine. Ici, comme partout, les animaux féroces se sont retirés devant l'homme : les lions ne se montrent que vers la rivière de Dimanche (Zondags) ; mais les déserts, même voisins du Cap, retentissent du mugissement des loups, des panthères et des hyènes. Le chacal du Cap et le chat tigre sont aussi communs. On distingue encore une espèce particulière de blaireau, la mangouste du Cap et la gerboise, répandues par toutes ces contrées. Les chasseurs poursuivent les nombreuses espèces d'antilopes. La plus belle de toutes, la pygarga, ou l'antilope pourpre, est si commune près de la rivière du Poisson, qu'on en voit quelquefois des troupes de plus de 2,000 individus. L'antilope bleue est rare ·, la gazelle proprement dite est une de celles que l'on rencontre le plus fréquemment; le pazan (antilope oryx) habile surtout dans la partie nord-ouest de la colonie : on y trouve encore le gnou, autre espèce d'antilope, la gazelle des bois, le condoma et autres. Dans les forêts de l'intérieur se promènent plusieurs espèces de singes du genre des babouins. On doit remarquer parmi les animaux de ces contrées l'oryctérope ou le myrmecophaga capensis de Gmelin, nommé par les Hollandais cochon de terre : cet animal ne se nourrit que de fourmis et de termites; il est plus grand que les fourmiliers d'Amérique, dont il diffère assez pour constituer un genre à part. Les zèbres et les couaggas, moins grands, moins robustes que les zèbres, vont par troupes séparées; ce sont deux espèces distinctes qui ne se mêlent jamais ensemble. Ils sont devenus fort rares dans la colonie. Les éléphants se sont aussi retirés du pays habité par les Européens, si ce n'est du canton de Sitzikamma : le rhinocéros-bicorne se montre encore moins, et la girafe paisible cherche des déserts plus reculés. Les buffles sauvages sont chassés par les Hottentots et les Cafres, dont les troupeaux sont en grande partie composés de buffles apprivoisés, de moutons de Barbarie et de chèvres; le bétail est petit et mauvais. Sparmann reconnut le premier une espèce particulière dans le bœuf ou buffle du Cap, qu'il nomma bos cafer; des cornes énormes, une petite tête, un naturel féroce et d'autres caractères la distinguent ; elle est probablement répandue au loin dans l'intérieur de l'Afrique. On connaît, en Abyssinie, une race de bœufs qui a des cornes démesurées. La férocité du bœuf cafre rappelle les taureaux carnivores, que, depuis Agatharcide, tous les anciens placent dans l'Ethiopie; et leurs cornes, souvent singulièrement contour-


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