Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — HOTTENTOTIE.

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y a apportée originairement de Madère et de Porto, produit un vin capiteux. Les plants de vigne venus du midi de la France ont prospéré, et les vins de Frontignan ou de Lunel, qu'on tire du Cap, sont presque égaux en saveur à ceux dont ils tirent leur origine ·, enfin, le fameux Constance, que l'on obtient des plants venus de Chiraz en Perse, a un bouquet que l'on ne trouve à aucun de nos vins. Le pontac de Constance est l'ambroisie pure : il laisse bien loin de lui le pontac de France, dont nos gourmets font pourtant leurs délices. Si les habitants du Cap entendaient mieux leurs intérêts, s'ils voulaient abandonner les routes battues, ils porteraient bien plus loin la renommée de leurs vins, et cette colonie deviendrait, selon le plan de Banks, le grand vignoble de l'Angleterre. Cependant depuis plusieurs années les Anglais ont favorisé la culture de la vigne par l'envoi de vignerons expérimentés. On compte au Cap plus de 30,000 arpents de vigne, et la récolte est évaluée à près de 1 ,500,000 hectolitres. On est agréablement surpris de voir, dans les nombreux jardins qui environnent la ville du Cap, les fruits d'Europe à côté de ceux d'Asie; le châtaignier, le pommier et les autres arbres des pays les plus froids, avec le bananier, le myrte jambosa, et plusieurs autres arbres de la zone torride. Le savant M. Poivre dit avoir vu au Cap le palmier et le camphrier de Bornéo ; il en parle même comme si ces arbres y étaient multipliés; on nous assure qu'il n'en existe aucun, sans nous dire si la culture en a été essayée. Les fruits d'Europe, tels que les cerises, les pommes, ont un peu dégénéré ; mais les figues, les abricots, les amandes et les oranges y sont aussi délicieux qu'en France. Les fruits de l'Inde sont plus rares ; la marigue et l'ananas y sont totalement inconnus. Les légumes viennent très-beaux ; on possède tous ceux d'Europe, et même l'artichaut, quoique Levaillant prétende ne l'avoir jamais vu. Le blé, l'orge, l'avoine et le maïs s'y cultivent avec succès; le riz n'y vient point. On a essayé autrefois de le faire prospérer dans les environs de la baie de Sainte-Hélène ; mais les essais ont été infructueux : le manioc n'y est pas non plus connu. La pomme de terre y vient partout, mais dégénère promptement. On a transporté des oliviers au Cap ; ils n'ont point d'abord réussi, et les habitants ne les ont plus soignés. On a aussi essayé de cultiver le coton; mais les vents du sud-est font pénétrer du sable jusque dans les gousses, ce qui rend le coton jaune. Il existe au Cap deux espèces d'indigo sauvage, mais il paraît qu'on n'en a jamais tenté la manipulation : la culture de celui du Bengale y a été entreprise et abandonnée par la suite. Le lin donne deux récoltes par an, et le chanvre y vient abondamment ; mais on n'a pu encore


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