Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — CONGO.

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Les grands de Lubola attachent des sonnettes à leur ceinture. Des habitants des contrées qu'arrosent le Coango et le Coari effilent leurs dents jusqu'au point de les rendre pointues comme des dents de chien. Quelques-uns s'en font arracher quatre. Dans le royaume de Mattemba, on conserve généralement l'ancien usage de se faire des incisions à la peau. Parmi les coutumes bizarres qui régnent au Congo, nous ferons remarquer celle qui prescrit aux hommes de se mettre au lit lorsque leurs femmes viennent d'accoucher. C'est Zucchelli qui en rend témoignage. On est d'abord étonné de retrouver cet usage chez tant de peuples différents ; les modernes l'ont observé dans le Béarn, dans la Tartarie, dans les Indes , et dans une grande partie de l'Amérique. Les anciens en attestent l'existence chez les Cantabres, chez les Corses, et chez les peuples du Pont-Euxin. On serait embarrassé pour expliquer comment un semblable usage aurait pu être porté chez des peuples aussi éloignés et aussi complétement étrangers les uns aux autres. Il est assez facile, au contraire, de s'en expliquer l'origine en observant le caractère des nations sauvages. La naissance d'un enfant est un événement heureux, dont les amis des parents viennent les féliciter. Dans les pays civilisés, c'est la mère qui reçoit les compliments dans une chambre à coucher bien décorée. Chez les peuples barbares, où la femme n'est qu'une esclave, les félicitations s'adressent au mari ; afin de les recevoir avec la solennité convenable, il se couche dans son hamac ou sur son lit : il y reste tant que les visites durent, et môme, par paresse, quelques jours après. Pour qu'il n'y meure de faim, il faut bien que sa femme le nourrisse et le soigne. La cour du roi de Congo est une mauvaise copie de l'ancienne cour de Lisbonne : le monarque, assis sur un trône à l'européenne, est servi par des comtes et des marquis noirs, dont le costume étale des ornements grossièrement imités de ceux d'Europe. Les rois païens ont conservé la barbarie de leur pompe indigène. Celui de Loango se rendait jadis, une fois par an et en grande cérémonie, à une réunion de toute la nation, pour ordonner solennellement à la pluie d'arroser la terre. Il arrivait quelquefois aux nuages d'obéir; alors le peuple s'en allait, bien convaincu du pouvoir divin de son prince. Cependant, les lumières ayant rendu le peuple moins docile, le roi a cessé de faire la pluie et le beau temps. Un de ses ministres exerce aujourd'hui cette fonction ; mais pour mettre à couvert sa responsabilité, il attend prudemment, pour appeler la pluie, qu'il ait commencé à pleuvoir. Tous les rois des provinces situées entre le cap Lopez et le fleuve Zaïre, rendent hommage au roi de Loango et lui payent un tribut en femmes. Ils


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