Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-QUINZIÈME.

Situé dans la zone torride, mais au sud de l'équateur, le Congo jouit d'un climat semblable à ceux que nous avons décrits dans les deux livres précédents, avec la seule difference que les saisons arrivent dans les mois opposés. On n'y distingue, à la rigueur, que deux saisons, celle de la sécheresse et ce le des pluies. Depuis notre équinoxe du printemps jusqu'à la fin d'octobre, il ne tombe ordinairement point d'eau; mais les vents de sud et de sud-est rafraîchissent l'atmosphère , et la chaleur, quoique intense, surtout dans les beaux jours, est néanmoins supportable. Dans les temps brumeux, qui ne sont pas rares, l'humidité de l'air relâche les fibres, gêne la respiration, et au moindre exercice provoque de fortes sueurs qui minent la santé des étrangers et les obligent de se sécher près du feu, ou de changer de vêtements. Pendant l'autre moitié de l'année, le soleil est moins un astre lumineux qu'une fournaise ardente ; ses rayons perpendiculaires tariraient les sources de la vie et frapperaient le sol d'une stérilité absolue, si la nature bienfaisante n'y avait point préparé un remède dans la fraîcheur des nuits, égales aux jours en durée, dans le serein et les rosées, toujours abondantes à cette époque. L'air est encore rafraîchi par des torrents rapides qui sillonnent les flancs des montagnes, et par les nombreuses rivières qui arrosent les plaines : ajoutons l'effet des vents imprégnés de vapeurs humides, qui, dans cette saison, soufflent périodiquement du nord-ouest, c'est-à-dire du golfe de Guinée, en amoncelant des nuages épais contre les montagnes de l'intérieur. Dès la fin d'octobre, ces réservoirs d'eau versent sur le pays des pluies fréquentes, accompagnées de tonnerre et d'orage, qui ne cessent qu'en avril. Le sol, échauffé à une grande profondeur, boit les eaux du ciel avec avidité : toute la nature renaît dans peu d'instants; les guérets se couvrent d'une verdure soudaine, les bourgeons des arbres s'épanouissent, le parfum des jeunes fleurs embaume l'atmosphère. Il y a néanmoins ici, comme partout, des exceptions à la règle : les pluies quelquefois ne viennent qu'après l'époque accoutumée, ou même elles manquent entièrement; il en tombe aussi dans les mois d'hiver ou de sécheresse. Toujours les marcs d'eau stagnantes, qui restent après les pluies, remplissent l'air de méphitisme, et rendent le séjour à la côte dangereux pour les Européens. Les habitants du Congo divisent l'année en six périodes. Le printemps (massanza) commence avec les pluies d'octobre, qui vont en augmentant jusqu'au mois de janvier. Vient ensuite le n'sasou; c'est la saison de la première moisson et des secondes semailles,dont le produit est récolté en avril. Les ondées, qui depuis janvier n'étaient que passagères, reprennent au


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