Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME.

frugal repas. Le goût peu délicat du nègre ne le laisse jamais sans ressource. La chair d'éléphant, même lorsqu'elle est déjà remplie de vermine, ne repousse pas son robuste appétit. Il aime les œufs du crocodile, et même sa chair musquée. Les singes servent généralement à ht nourriture. On ne dédaigne ni les chiens morts, ni les poissons gâtés. Un rôti de chien ligure même aux grands festins comme un mets exquis. Mais le nègre refuse la salade, pour ne pas ressembler , dit-il, aux animaux herbivores. La préparation des bouillies épaisses, succulentes et fortement assaisonnées qui composent sa cuisine, n'exige que peu de soin. Un art facile lui donne le vin de palmier ou de bananier , et la bière de millet, qui forme sa boisson ordinaire. L'Europe fournit aux nègres maritimes ces funestes eaux-de-vie qui les font passer de l'ivresse à l'esclavage. Le soin de s'habiller ne tourmente pas davantage ces peuples ; le coton vient sans culture à leurs pieds; les femmes en tirent la quantité d'étoffes nécessaires pour la famille, et les teignent dans le suc de l'indigo, production également indigène. La cabane du nègre ne lui coûte guère plus de soin; quelques troncs d'arbres à peine dégrossis, quelques branches dépouillées de leur écorce, un peu de paille et quelques feuilles de palmier, voilà ses matériaux; les réunir en forme de quille, voilà son art. Le climat, la violence des pluies annuelles , lui prescrivent cette simple architecture. Ce n'est que sur la Côte-d'Or ou sur les bords du Niger, que l'exemple des Européens et des Maures a démontré au nègre qu'un toit aplati, mais solide, peut résister à la pluie. Les villes ne sont que de grandes réunions de cases semblables. Point d'édifice public, même chez les tribus qui vivent sous une sorte de gouvernement républicain ; tout au plus elles possèdent une grande case ouverte de toutes parts et nommée bourrie, qui sert aux délibérations publiques désignées sous le nom portugais corrompu de palaver. Les palais des princes ne se distinguent que par le grand nombre de cases qui les composent. L'ameublement des pauvres se réduit souvent à deux ou trois calebasses; les riches étalent quelques armes à feu : les souverains, qui ornent leurs demeures de crânes, de mâchoires humaines, ont de la vaisselle et des lapis de fabrique européenne. Mais ces monarques, dont la pompe distinctive consiste à marcher en pantoufle à l'ombre d'un parasol, ont quelquefois pour trône un morceau d'or massif. Un trait qui, selon la juste remarque d'Isert, fait ressortir l'indolence du nègre, c'est de ne pas avoir apprivoisé l'éléphant, animal si commun en Afrique, et si susceptible de devenir l'utile et l'intelligent auxiliaire de


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