Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-TREIZIÈME.

pliant, le buffle, la hyène, le rhinocéros, le lion, y sont poursuivis par une multitude de chasseurs qui forment une caste particulière. On rencontre, outre les plantes médicinales et tinctoriales, des végétaux à vertus singulières, comme le châlaus, arbre dont on mâche la feuille pour faire disparaître de la bouche l'odeur du vin; le dagarah qui remédie sur-le-champ à l'inflammation des yeux et calme les ophtalmies les plus violentes, etc., etc. Le signal des semailles est donné solennellement par le sultan, et rappelle la féte de l'agriculture en Chine. Dès que la saison des pluies commence, les propriétaires des champs s'y rendent avec les ouvriers qu'ils peuvent rassembler. Ils font des trous en terre à 6 décimètres environ de distance, y sèment du millet, qu'ils recouvrent avec les pieds, et le labour ainsi que les semailles sont terminés. On recueille le millet au bout de deux mois, le blé au bout de trois. Le riz vient naturellement et en si grande quantité qu'on en fait peu de cas, quoiqu'il soit d'une qualité supérieure. On s'applique beaucoup, dans le Dàr-Four, à la culture du doura et du millet ; mais celle du froment est négligée. Les femmes et les esclaves y sont chargés de la récolte. Les dattes y abondent; elles servent, ainsi que le froment, à la préparation d'une liqueur spiritueuse appelée mérissah. Selon Browne, les productions végétales ne sont pas très-nombreuses, et se distinguentsurtout par leurs épines et la dureté de leur bois : ce sont le tamarinier, le platane, le sycomore, le nabk, et beaucoup d'autres indiquées et même en partie décrites par ce voyageur; mais le tamarinier, qui d'ailleurs est peu abondant, est le seul arbre dont le fruit mérite d'être cueilli; car même le dattier n'y porte qu'un fruit petit et sans saveur. Dans quelques cantons le tabac parait indigène. Les Fouriens croient aux génies familiers, et ils ont foi en la sorcellerie ; leurs magiciens, disent-ils, ont le pouvoir de se transformer ; ils peuvent mettre en état de catalepsie et même de léthargie. Leurs mœurs sont faciles, ils ne sont ni rigoureux observateurs des préceptes du Coran, ni sévères dans leurs relations d'un sexe avec l'autre. Ils s'enivrent fréquemment avec la boisson fermentée appelée mérissah ; ils voient d'un œil indulgent les infidélités de leurs femmes, pouvu qu'ils en retirent quelque avantage. Bien qu'ils puissent avoir autant de femmes qu'ils en veulent, que le souverain en ait plus de 100 et les grands plus de 30, il arrive fréquemment que, sourds à la voix de la morale la plus naturelle, le frère épouse sa sœur et le père sa fille. Chez eux il est permis de tromper ceux avec qui on a des rapports, et de s'emparer du bien d'autrui si l'on peut le faire impunément, La femme ne mange jamais devant son mari, le fait


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