Géographie complète et universelle. Tome 4

Page 14

350

LIVRE QUATRE-VINGT-DIXIÈME.

ruines d'une cité romaine, l'étymologie de son nom s'accorde d'ailleurs avec la tradition, car Mascara signifie la ville aux soldats. Elle se divise en quatre parties bien distinctes : Mascara et les trois faubourgs qui l'envi ronnent, Baba-Ali au nord, Aïn-el-Baïda au sud, et celui d'Arkoub-Ismaïl, construit il y a moins d'un siècle par les Turcs. Ces trois faubourgs sont réunis à la ville par une enceinte continue. La ville, proprement dite, est entourée d'une muraille qui représente assez exactement un carré: à chacun des angles de ce carré s'élèvent des tours surmontées d'une plate-forme propre à recevoir une ou deux pièces d'artillerie ; l'angle qui regarde le nord est plus obtus que les autres, et se trouve renforcé par un fort qui est compris dans l'enceinte de la ville et peut recevoir une douzaine de pièces d'artillerie. Ces constructions sont solidement bâties en moellons. Mascaraa deux portes; elle est percée de trois rues principales auxquelles aboutissent quelques petites rues de communication et des impasses. Il y a deux places publiques : celle du marché aux grains, au nord, où s'élèvent la mosquée et le fort, et celle du Beylik, ainsi nommée à cause du palais que le dernier bey y avait fait construire et qui est aujourd'hui dans un état complet de dégradation. Au milieu de cette place est un bassin en marbre blanc, d'où sort un jet d'eau qui alimente toute la ville. Les maisons de Mascara, comme celles des autres villes de l'Algérie, s'élèvent rarement au-dessus du rez-de-chaussée et sont en général fort dégradées. Le faubourg d'Arkoub-Ismaïl, situé sur la rive droite d'un ravin qui, à l'ouest, le sépare de la ville, est entouré d'une muraille en pisé haute de 0 mètres sur autant d'épaisseur. Cette muraille est flanquée de trois petits forts en pierre pouvant contenir une trentaine d'hommes, et surmontés d'une plate forme avec des embrasures pour recevoir de l'artillerie. Le faubourg appelé Baba-Ali (le père Ali) est le plus grand et le plus peuplé. Celui d'Aïn-Baïda (la source blanche), ainsi nommé d'une fontaine qu'on y trouve, est situé au sud de la ville, dont il n'est séparé que par un boulevard extérieur. Les rues en sont assez propres et régulières. On y remarque une petite mosquée dont l'élégant minaret s'élève au-dessus de toutes les maisons. La petite rivière qui arrose Mascara se nomme Ouâd-Sidy-Toudrnan ; elle prend sa source dans un marais, à trois quarts de lieue de Baba-Ali, et reçoit près de la ville les eaux d'Aïn-Bent-el-Solthan. Elle descend entre la ville et Arkoub-Ismaïl en formant des chutes d'eau que l'industrie européenne ne manquera pas d'utiliser.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.