Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-TREIZIÈME.

au sud par le Nyffé; il est arrosé par le Djoliba. Yaourt, sa capitale, est, suivant les frères Lander, d'une étendue prodigieuse ; ses murailles, hautes et en très-bon état, bien que construites en terre, ont environ 8 à 10 lieues de circonférence. On y entre par huit portes, qui sont bien fortifiées pour une ville de l'Afrique centrale. Il est difficile d'évaluer d'une manière exacte la population de cette cité, parce que les groupes de cabanes y sont ça et là séparés par des terrains en friche ou en culture. On voit dans la ville une grande variété d'arbres, tels que des citronniers, des micadanias, des palmiers, des dattiers; mais ces derniers, quoique très-vigoureux, ne portent point de fruits. Le palais du sultan est un bâtiment très-vaste, ou plutôt un assemblage de maisons à deux étages entourées d'un mur élevé. Les deux voyageurs anglais auxquels nous empruntons ces détails furent étonnés de la quantité de nids d'hirondelles qui étaient attachés au toit de l'appartement d'honneur dans lequel le prince les reçut; elles volaient, disent-ils, dans toutes les directions, et donnaient à manger à leurs petits sans être interrompues; ce qui n'ajoutait pas peu d'ordures à celte salle, qu'on ne balaye jamais. Dans toutes les parties de l'intérieur de l'Afrique, ces oiseaux s'établissent sans être inquiétés par les habitants. Les Yaouriens fabriquent une poudre à fusil grossière et de qualité très-médiocre; ils font aussi des toiles et de très-jolies selles de chevaux. « Les femmes les plus distinguées portent leurs cheveux très-artistement « tressés et teints en bleu avec de l'indigo; leurs lèvres sont également « barbouillées de jaune et de bleu, ce qui leur donne un air des plus « étranges; elles se noircissent aussi les yeux avec de la poudre d'anli« moine, ou quelque autre drogue qui a la même propriété et que l'on « apporte d'un pays appelé Jacoba 1 » Le Noufé, ou Nyffé, appelé aussi Tappa, est habité par un peuple industrieux. Le sol y est bien cultivé et les mines de fer exploitées; chaque village a trois ou quatre forges; on y fabrique des étoffes de coton, des tissus de laine et de la poterie. Il comprend plusieurs villes importantes : ainsi Tabra, qui en est le chef-lieu, passe pour avoir 18 à 20,000 âmes, et Koulfa 12 à 15,000. Le Niger, qui arrose ce pays, baigne Bajiébo, située sur sa rive droite ; c'est une cité florissante, grande et populeuse, grâce à son commerce. Des échanges continuels se font ici entre les habitants des deux rives; un grand nombre de canots, d'une dimension considérable, 1 Journal d'une expédition entreprise dans le but d'explorer le cours et l'embouchure du Niger, par Richard et John Lander; t. II.


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