Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — SOUDAN OU TAKROUR.

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tels que le mimosa ferruginea qui ne s'élève qu'à la hauteur de 1 mètre. L'aridité de ses environs fait qu'elle tire de Jenné tous ses approvionnements. Cependant la tribu de Zaouât, qui réside en partie à Bousbéhey, ville située à deux journées de marche au nord-est de Ten-bouktoue, y amène quelques bestiaux au marché. Les seules portions de terre argileuse que l'on voit autour de certaines excavations naturelles formées dans le sable, et dans lesquelles se conservent les eaux pluviales, sont cultivées en tabac. A Tembouctou les nuits sont aussi chaudes que les jours ; la chaleur y est accablante; l'atmosphère n'est rafraîchie par aucun souffle d'air; ce n'est que vers quatre heures du soir que la température devient un peu plus supportable. Le peuple de Tembouctou est mahométan et très-zélé pour ses pratiques religieuses. Le costume y est le même que celui des Maures ; chaque chef de maison a quatre femmes, comme les Arabes ; plusieurs leuradjoignent leurs esclaves. Les habitants sont doux, hospitaliers, intelligents, industrieux, et d'une grande propreté dans leurs vêtements. Les hommes sont d'une taille ordinaire, bien faits, et d'une démarche assurée. Leur teint est d'un beau noir foncé; leur nez est un peu plus aquilin que chez les Mandingues ; mais comme eux ils ont les lèvres minces et de beaux yeux. Les femmes sont en général assez jolies. Elles ne sortent pas voilées, comme dans les États barbares ques, et jouissent d'une grande liberté. Leurs cheveux sont tressés avec beaucoup d'art; leur tête, leur cou, leurs oreilles sont ornés de verroteries, de faux ambre et d'autres petits objets regardés comme des bijoux par les peuples qui sont encore dans l'enfance de la civilisation. Elles portent des bracelets en argent et des anneaux en fer argenté aux chevilles. Suivant l'historien arabe Sidi-Ahhmed-Baba, l'origine de Tembouctou remonte à l'an 510 de l'hégire (1113 de l'ère chrétienne). Sa fondation est attribuée à une femme de la horde des Touariks, nommée Boktoue, qui se serait établie dans une petite oasis près du Djoliba ou Niger. Les tribus voisines l'appelèrent Ten-boktoue, c'est-à-dire propriété de Boktoue. Dans la suite, quelques-unes de ces tribus s'y fixèrent et en firent une ville grande et populeuse. Au quatorzième siècle elle était le centre d'un vaste empire qui comprenait les royaumes d'Aghadés, de Kachena, de Gualata, de Kano, de Molli, de Zamfara et de Zeg-zeg. En 1672, le Tembouctou devint tributaire de l'empire de Maroc; vers la fin du dix-huitième siècle il le fut tantôt du Bambara et tantôt du Haoussa; aujourd'hui il paraît être indépendant, quoiqu'il soit mis souvent à contribution par les Touariks, qui


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