Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-DIXIÈME.

et sans fossés. La citadelle appelée Méchouar est située au sud de la ville qu'elle touche; elle est de forme rectangulaire; ses murs sont en pisé et découpés par de larges créneaux, mais sans fossés. Elle est percée de deux portes; Tune d'elles, la porte d'Agadir, est digne d'attention ; et dans son intérieur il existe une centaine de maisons et une mosquée. A 1,600 mètres à l'ouest de la ville s'élève une vaste enceinte carrée, nommée Mansourah, et qui, d'après une tradition, fut construite au quatorzième siècle par le sultan Abou-el-Hacen,-qui, parti de Fez avec une nombreuse armée, assiégea TIemcen et s'en empara après un siége de trente mois. Cette enceinte crénelée, flanquée de tours, et bâtie en pisé, forme un rectangle de 1,300 mètres sur 750. Un minaret dont la base est sculptée d'arabesques s'élève intérieurement. Cette ville faisait jadis partie de la Mauritanie Césarienne. Les Romains s'y établirent, et la nommèrent Tremis ou Tremici Colonia. On y trouve encore quelques traces de leur séjour : telles sont les pierres qui ont servi à construire l'une des portes de la ville, ainsi que de nombreux tombeaux. Les Maures firent de TIemcen la capitale d'un royaume qui, au commencement du seizième siècle, reconnut un moment la domination espagnole. Les Turcs s'en emparèrent ensuite, et le dey Hassan la détruisit en partie en 1670. Depuis cette époque, elle alla toujours en déclinant, jusqu'à ce que les Français s'y établissent, en 1842 ; depuis cette époque, elle semble sortir de ses ruines. Elle est aujourd'hui le chef-lieu d'une subdivision militaire et d'un commissariat civil ; sa population est de 9,787 habitants, dont environ 2,695 Européens. Une ligne télégraphique, qui passe par Sidi-bel-Abbés, Oran, Mostaganem, Orléansville et Miliana, unit aujourd'hui TIemcen à Alger. Les environs de TIemcen consistent en jardins et en vergers plantés de beaux arbres fruitiers, arrosés par une multitude de ruisseaux qui descendent en cascades des montagnes voisines. De hautes roches d'un rouge ardent encaissent leurs rives et servent de base à des végétations de natures diverses. Dans la partie supérieure, des noyers séculaires, des cerisiers, des ormes, des frênes, des sureaux à larges feuilles déploient leur luxe septentrional; tandis qu'à leur pied le jujubier, le figuier, l'olivier, le laurier-rose, le lentisque, le nopal, le caroubier, que marient les nœuds de la vigne sauvage, abritent encore sous leur feuillage épais l'acanthe, l'angélique, l'asphodèle, le narcisse et la violette. La ronce et le lierre pendent en longs festons et semblent enchaîner de leurs gracieuses guirlandes ces rochers séculaires. Au sud de TIemcen, on voit de grandes montagnes qui forment trois


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