Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE.

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l'appelaient, était cependant représentée sous l'emblème d'une femme couronnée d'épis, ou tenant des épis à la main 1. Quoique la réputation d'une haute fertilité appartienne spécialement à l' Africa propria des anciens, ou à l'Etat actuel de Tunis, il est certain que, dans cette partie du monde, partout où l'humidité s'unit à la chaleur, la végétation étale une vigueur et une magnificence extrêmes. L'espèce humaine y trouve, au prix de quelques travaux légers, des aliments abondants ; les épis se courbent sous leur fardeau ·, la vigne atteint des dimensions colossales ; les cucurbitacées, les melons, acquièrent un volume énorme ·, le millet, surtout Yholcus, la plante céréale la plus commune dans les trois quarts du continent, rend, quoique mal cultivé, cent et deux cents grains pour un ; enfin le dattier, qui est à l'Africain ce que le cocotier et l'arbre à pain sont dans l'Océanie, brave même le voisinage et les souffles enflammés du désert. Les forêts du mont Atlas égalent les plus belles de l'Italie et de l'Espagne ; celles du Cap s'enorgueillissent de la protée aux feuilles argentées, de la bruyère en arbre ; dans toute la Guinée, la Sénégambie, le Congo, la Nigritie, et l'Inde sur les côtes orientales, on retrouve les épaisses forêts de l'Amérique. Mais dans les parties marécageuses ou arides, sablonneuses ou pierreuses, c'est-à dire dans la moitié de l'Afrique, la végétation spontanée offre une physionomie dure et bizarre. Les touffes de plantes salines hérissent des plaines dont aucun gazon ne couvre la nudité. Des arbrisseaux épineux, des espèces d'acacia et de mimosa, présentent des taillis impénétrables. Les euphorbes, les cactus, les arums fatiguent l'œil par leurs formes roides et pointues. L'énorme baobad (adansonia digitata), le difforme dragonnier (dracœna draco), sont dépourvus de grâce et de majesté. Une remarque importante a été faite par les botanistes relativement aux végétaux des côtes de Barbarie : c'est qu'ils offrent les plus grands rapports avec ceux de la péninsule hispanique ; ainsi la flore d'Alger, comme celle de l'Andalousie et de la province de Valence, présente l' olivier, l' oranger, le ricin arborescent, le dattier commun, et une autre petite espèce, également de la famille des palmiers, le chamœrops humilis. Une chaleur plus forte favorise, dans cette partie de l'Afrique, le développemen de quelques formes inconnues à l'Europe australe ; mais ces formes ne sont que spécifiquement différentes, ou bien rarement elles diffèrent assez pour consiituer des genres distincts de ceux qui croissent en Europe. Les plantes de la Cyrénaïque ont aussi de grandes ressemblances avec ces dernières ; elles 1

Bochart, Canaan, t. I, ch. XXV.


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