Géographie complète et universelle. Tome 4

Page 79

ASIE. — INDO-CHINE, COCHINCHINE.

69

paraissent former une race avec les Laos. Ils sont grands, nerveux, bien faits-, leur teint tire sur le rouge; ils ont le nez un peu aplati et de longs cheveux noirs. Ce pays ne renferme que des villages, dont les plus considérables sont Padaran et Phauri. Le Camboge ou Kambodje, appelé aussi Youdra-Skan par les habitants, et Kao-Mien par les Tonkinois, est un pays qui n'a pas moins de 160 lieues du nord au sud, et de 100 de l'est à l'ouest. Il était fort peu connu avant que l'un de nos savants1 en eût donné une description tirée des écrivains chinois. Les villes sont entourées de palissades ; leur forme est exactement carrée, et à chaque angle s'élève une tour en pierre. Dans chaque village on voit un temple ou une tour, et, quelque peu peuplé que soit le village, il y a des gens commis pour la garde de cette tour. On voit de distance en distance, sur les grands chemins, des stations pour les voyageurs. L'ancienne capitale du pays porte aussi le nom de Kambodje; mais les habitants lui donnent en outre celui de Levek ou Laweik, ainsi que celui de Loech; elle est bâtie au milieu d'une grande île formée par le Maï-kang et traversée par plusieurs canaux. Le magnifique palais qu'habitaient les rois de Kambodje commence à tomber en ruines ; toutes les maisons de la ville sont construites en bois. A 45 lieues au sud-est de celte cité déchue s'élève celle de Saï-gong, qui a le titre et le rang de capitale. Elle se compose de deux villes distinctes. Près de la nouvelle, une immense citadelle, qui rivalise avec celle de Hué, a été construite en 1821 sous la direction de plusieurs ingénieurs français. Le milieu de la ville est occupé par un vaste palais impérial. L'arsenal maritime est digne de rivaliser avec les plus beaux établisements de ce genre en Europe. En 1819, on comptait sur les chantiers deux frégates construites à l'européenne, et 190 galères portant chacune 4, 6 et 16 pièces de canon en cuivre. Saï-gong, que l'on peut considérer comme la première place de commerce de l'empire d'An-nam, paraît renfermer au moins 100,000 habitants. Elle possède une église chrétienne desservie par deux missionnaires italiens. Sa situation sur un bras du Donaï ou Dong-naï est aussi pittoresque qu'avantageuse pour le commerce. Pour arriver de la mer jusqu'à Saï-gong on remonte pendant 40 milles la rivière, large de près d'une demi-lieue et tellement profonde que les vaisseaux y naviguent en rasant ses bords verdoyants, et que leurs agrès 1

M. Abel Remusat : Voyez ses Nouveaux mélanges asiatiques, t.I. Paris, 1829.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.