Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGTIÈME.

son goût particulier pour l'érudition et la langue des Chinois, ainsi que son caractère pacifique, le portèrent à faire prédominer à sa cour l'influence chinoise et à repousser tout ce qui venait d'Europe. Cette tendance à se mettre dans une sorte de dépendance de la Chine se manifesta d'abord en 1821. Mignes-Man se rendit en personne à Tonking pour la cérémonie de l'investiture qui le mettait au rang de simple vice-roi de la Chine. Les formalités mêmes du cérémonial furent une série d'humiliations pour le pays qu'il représentait. Bientôt ce système nouveau porta ses fruits; la froideur qu'il avait montrée d'abord aux mandarins français, se changea en défiance, puis en mauvais procédés, et enfin les chrétiens, protégés jusqu'alors et dotés de plusieurs établissements, se trouvèrent en butte à des avanies continuelles. Les Anglais ne furent pas plus heureux, car à la fin de cette même année 1821, M. Crawfurd, chef d'une ambassade envoyée par le gouverneur-général du Bengale, éprouva tant de lenteur et de formalités, qu'après plusieurs semaines de démarches inutiles, il fut forcé de se rembarquer avec sa suite sans avoir pu faire ses présents, ni même pénétrer jusqu'au roi. Les tracasseries qu'éprouvèrent MM. Chaigneau et Vannier obligèrent ces deux officiers à se démettre de leurs fonctions. Ils s'embarquèrent en 1823 pour retourner en France, et toutes les démarches tentées depuis pour renouer les négociations n'ont abouti qu'à prouver aux Européens que l'empereur d'An-nam veut interdire ses États aux étrangers. La forme du gouvernement a toujours été despotique. Le souverain s'appelle roi des deux. Son armée est de 100 à 150,000 hommes, dont 30,000 armés de mousquets et de fusils, et exercés a l'européenne. Les soldats cochinchinois portent des sabres et des piques d'une énorme longueur. On n'emploie plus les éléphants à la guerre. Le pays de Tsiampa, dont le vrai nom est Binhtuam 1, est en grande partie peuplé de tigres et d'éléphants. L'air y est très-mauvais pendant cinq à six mois de l'année ; les chaleurs y sont très-grandes, les eaux pernicieuses, et les vivres, excepté le poisson, assez rares. Le terrain est sablonneux et ingrat-, il produit cependant du coton, de l'indigo et de la mauvaise soie2. Les habitants de cette contrée sont appelés Loyes, et 1

Rosily, carte du dépôt de la marine, et l'article Aynan, dans le Dictionnaire do géographie maritime, par M. de Grandprc. 2 La Bissachère, 1.I, p. 16. Barrow (Voyage de la Cochinchine, 1.II, p. 224), écrit Fen-Tan.


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