Géographie complète et universelle. Tome 4

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ASIE. — INDO-CHINE, COCHINCHINE.

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Durant l'absence de l'évoque et de l'héritier présomptif,, Gya-Long avait obtenu un grand succès. Profitant de la division qui s'était mise entre les les frères Tay-son, relativement au Tonking dont ils se disputaient les débris, il partit de son île et débarqua dans la fidèle province de Tsiampa, d'où il fut porté presque en triomphe à Saï-gong, où il reçut son fils et les Français qui l'accompagnaient. Les officiers français, hommes d'instruction et de courage, reconnurent dans le monarque cochinchinois un homme capable de seconder leurs vues. Il fut résolu entre eux que tandis que les ingénieurs dirigeraient les travaux des fortifications de Saï-gong, les autres officiers s'attacheraient à former des instructeurs pour les troupes et à établir des fabriques d'armes. En peu de temps Gya-Long put commencer à reprendre des hostilités. Un des premiers incidents favorables à sa cause fut la mort de QuangToung, le troisième des Tay-Son, qui laissa la couronne à son fils. En 1792, il brûla la flotte de Nhac, mouillée dans le havre de Quinhone ·, et quatre ans après Quinhone elle-même, défendue par 50,000hommes, tomba au pouvoir de Gya-Long,-qui cinq ans plus tard, conquit Hué, et soumit enfin ses anciens États en 1802 par la conquête du royaume de Tonking. A peine l'empereur eut-il rétabli la paix, qu'il s'occupa d'organiser ses États. L'armée était déjà sur un bon pied, et MM. Dayot, Chaigneau et Vannier furent faits mandarins de première classe en récompense de leurs services. Hué-fou, fortifiée par les ingénieurs français, devint la capitale de l'empire. Des canaux furent ouverts, des routes percées, et la culture des cannes à sucre, négligée jusqu'alors, prit du développement et attira des marchands chinois et européens. L'évêque d'Adran aurait désiré vivement rétablir les relations interrompues avec la France; mais nos guerres continentales réclamaient alors toutes nos forces; et ce ne fut que sous Louis XVIII qu'un capitaine marchand fut chargé d'une lettre et de quelques chétifs présents pour l'empereur d'An-nam. En 1817,, la frégate la Cybèle, commandée par M. Achille de Kergariou, mouilla dans la baie de Tourane; mais cette mission, qui avait pour but d'obtenir de Gya-Long une nouvelle cession de Tourane et d'une partie du littoral,. fut sans succès, et ce roi se montra d'autant moins disposé à une nouvelle alliance que l'évêque d'Adran était mort quelques jours auparavant. Peu de temps après, Gya-Long lui-même mourut, après avoir fait reconnaître pour héritier de sa couronne son fils naturel Mignes-Man. Ce nouveau monarque, âgé de trente ans environ, s'était livré à l'étude des lettres, et


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