Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE SOIXANTE DIX-NEUVIEME.

vince de son empire. Après plusieurs révolutions qui agitèrent le pays, l'empereur Yong-tching rétablit sur le trône, en 1725, comme prince tributaire, un descendant de l'ancienne famille tonkinoise des Ly. Le Tonking, démembré de la Chine, conserva les formes du despotisme patriarcal qui distinguent les grandes nations d'Asie. Noblesse, honneur, richesse, tout est attaché à l'office de mandarin, soit lettré, soit militaire. Les gens du roi forment comme une espèce supérieure au peuple. La dynastie des Ly avait, pendant plusieurs générations, gouverné avec autant de bonté et de sagesse que le despotisme saurai ten admettre.Mais parmi les grands officiers de la couronne, le choua ou chua-vua, espèce de maire du palais, s'étant rendu héréditaire, et comme chef de l'armée et comme maître des principaux revenus, sut bientôt réduire le bova ou roi à n'être qu'un vain simulacre de monarque. La Cochinchine se détacha et forma, sous la dynastie N'guyen, un royaume d'abord tributaire et bientôt rival du Tonking. Les guerres civiles qui éclatèrent vers le milieu du dix-huitième siècle, au sujet de la succession d'un choua, fournirent au roi l'occasion de ressaisir le suprême pouvoir. Dans le dessein de faire revivre ses droits sur la Cochinchine, il prit part aux révolutions intérieures de ce pays, et combattit, avec un zèle intéressé, les usurpateurs du trône des N'guyen. Un de ces usurpateurs s'en vengea par une invasion du Tonking, où il extermina la maison des Ly, et s'établit lui-même comme souverain ; en même temps il conserva le gouvernement de la meilleure partie de la Cochinchine. Mais le légitime héritier de ce pays parvint, à force de persévérance, et grâce à l'influence de l'évêque d'Adran sur les Cochinchinois, à reconquérir son royaume, et ayant poursuivi les usurpateurs jusque dans le Tonking, il se rendit encore maître de ce pays, et le garda sous prétexte que la maison desLy était éteinte. Ce fut ainsi que ce prince, nommé Ong-N'guyen-Choung 1, fonda en 1790 l'empire d'An-nam ou de Viêt-nam par !a réunion de plusieurs royaumes. Les Tonkinois, dit M. Marotte, sont d'une taille médiocre, mais bien proportionnée. Leur visage est large, sans être aussi aplati que celui des Chinois; ils ont le nez et les yeux petits-, les cheveux et la barbe noirs-, le teint brun, cuivré ou olivâtre, selon la condition des individus, c'est à dire selon qu'ils sont plus ou moins exposés aux ardeurs du soleil. Leurs dents sont naturellement blanches; mais vers l'âge de 18 ans ils les teignent en noir. Ils conservent les cheveux longs; mais ils n'ont qu'un C'est le Chaung-Choung de quelques auteurs.


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