Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE SOIXANTE DIX-HUITIÈME.

mythologie et de l'histoire fabuleuse de leurs héros. Ils ont des joutes en bateaux, des courses de bœufs, des combats d'éléphants et de coqs, des tours de force, la lutte, les danses de corde, des processions religieuses, des illuminations, de beaux feux d'artifice. Leur indolence enchaîne le talent pour la mécanique dont ils sont doués. Ils entendent mal la fabrication du fer et de l'acier, mais ils excellent dans le travail de l'or et dans la miniature. Le peuple s'occupe de la pêche et des moyens de pourvoir à sa subsistance. Les classes supérieures partagent leur temps entre l'oisiveté et les ruses d'un petit commerce. C'est avec le Japon, la Chine, l'Hindoustan et les Hollandais, que s'entretiennent les principales relations commerciales. Les exportations consistent en grains, coton, benjoin, bois de santal, poutres de bois de djate, noix de Cambodje, antimoine, étain, plomb, fer, aimant, or de mauvais aloi, argent, saphirs, émeraudes, agates, cristal et marbre1. A ces articles on ajoute encore le tombac, qui, selon les uns, est un cuivre aurifère, mais selon les autres, et plus vraisemblablement, une composition artificielle2. Enfin les peaux de raies, apprêtées et ornées d'un dessin, forment un article d'exportation très-précieux; il y en a d'un prix arbitraire, et d'autres de la valeur d'un cati d'or, environ un marc d'or et un quart3. Sommona-kodam, le dieu des Siamois, est le même que Bouddha. Ses prêtres et moines sont nommés talapoins par les Européens, mais djankou dans le pays. Ses commandements, renfermés dans le livre nommé Vinac, ne sont ni nombreux ni rigoureux. Les talapoins forment une espèee d'ordre religieux hiérarchique; ils ont un général, des provinciaux, des prieurs, de simples religieux, des novices ou postulants, et enfin des savants et des docteurs. Ils ne vivent que d'aumônes, mais elles sont abondantes. Les talapoins se confessent à leurs supérieurs; ils ont beaucoup de rites semblables à ceux des chrétiens, tels que l'eau lustrale, le carême, la pâque, la bénédiction nuptiale, des chapelets, des reliques, etc. Ils habitent une maison contiguë à la pagode qu'ils desservent; ils accompagnent les morts qu'on brûle sur un bûcher, et ils ont le linceul en paiement. Il y a aussi des talapoines : ce sont de vieilles femmes, veuves pour la plupart, qui se retirent dans un couvent appelé Heran, où elles vivent en 1

Van Vliet : Relation du royaume de Siam, p. 62 (en holl.).

2

Dalrymple : Oriental repert., t. T, p. 118.

3

Valentyn ; Description du Siam, pl. n° 36.


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