Géographie complète et universelle. Tome 4

Page 316

302

LIVRE QUATRE-VINGT-NEUVIÈME.

Après avoir traversé la petite rivière appelée Ouadi-el-Temaneh, l'ancien Paliurus, qui coule au pied du plateau ou de la montagne que l'on nomme Djebel-Akhdar, dont les couches calcaires sont remplies de coquilles fossiles, et dont la végétation paraît d'autant plus belle que ses environs n'offrent que la plus fatigante aridité, on entre dans le désert de Barkah, plaine aride et sablonneuse que traverse, de l'est à l'ouest, une chaîne de collines appelée mont Gherdobah, qui va se rattacher à celle d'Haroudjéel-Açouad. Au delà de cette chaîne transversale, la plaine est formée de sables rougeâtres qui reposent sur des couches épaisses de schistes, et l'on aperçoit l'oasis

Audjélah, située entre le désert de Barkah et celui de

Libye. Cette oasis se divise en quatre parties, dont la plus méridionale est Audjélah proprement dite, et les autres Djâlo ou Djallou, El-Edjekharah ou Lechkerreh, et, la plus fertile de toutes, Maradèh. L'oasis d'Audjélah répond à l'Augila d'Hérodote, et dépend du pacha de Tripoli ·, elle est administrée par un bey qui réside à Audjélah, petite ville qui n'a qu'un mille de circonférence, et ne renferme que des rues étroites et malpropres, bordées de vilaines maisons bâties en blocs noirâtres do schistes tirés des montagnes voisines, ou des couches schisteuses qui supportent le sable. Les édifices publics présentent l'aspect le plus misérable. L'oasis de Djallou et celle de Lechkerreh ne renferment que des cabanes en palmier, d'anciens villages abandonnés et des ruines de fortifications arabes. Dans celle de Maradèh, à 50 lieues au nord-ouest d'Audjélah, on voit une montagne à cinq cimes aiguës, qui porto le nom de Montagne des Enfers. Cette oasis a 6 lieues de longueur sur presque autant de largeur ; une belle foret de palmiers en couvre la surface ; elle est arrosée par sept sources, dont une très-chaude. L'aghoul (hedysarum alhagi de Linné), espèce de sainfoin particulière au désert, y croît en abondance, tandis qu'elle ne se trouve ni dans les trois autres oasis, ni sur la côte de Barcah. La population du petit gouvernement d'Audjélah, c'est-à-dire des quatre oasis, peut être évaluée à 9 ou 10,000 âmes, si, comme ils l'assurent euxmêmes, ils peuvent mettre sur pied un corps de 3,000 hommes. Il n'existe dans cette quadruple oasis qu'une source abondante, celle de Sibilleh, près d'Audjélah ; dans les autres parties, on est réduit à creuser, à plus de six mètres de profondeur, des puits qui ne fournissent qu'une eau plus ou moins saumàtre. C'est avec ces seules ressources que les habitants entretiennent les irrigations, si nécessaires à la culture au milieu de ces sables brûlés par le soleil, et qu'ils récoltent, après de pénibles travaux,


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.