Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-NEUVIÈME.

à Mogador, 4,500; à Saffi, 5,000. Les survivants n'eurent pas le temps d'enterrer régulièrement les morts; on jeta les cadavres dans de grandes fosses que l'on remplissait de terre quand elles étaient à peu près pleines. Les individus jeunes, sains, forts et musculeux, furent les premiers attaqués de la maladie; ensuite les femmes et les enfants, en dernier lieu, les gens maigres et épuisés, les valétudinaires et les vieillards. Le fléau ayant cessé, on remarqua une révolution totale dans les fortunes des particuliers et dans la situation des individus. Des hommes qui, avant la peste, n'étaient que de simples ouvriers, possédaient alors de gros capitaux ; ils achetaient des chevaux, et ne savaient pas les monter. Les vivres se vendaient en grande quantité et à des prix extrêmement bas ; les troupeaux et leurs gardiens erraient sans maîtres dans les pâturages : c'était une grande tentation pour l'Arabe, le Berbère, le Maure, tous également enclins au vol. Mais ils étaient retenus par la crainte de la mort ; car la peste, el khere, comme ils la nomment, est un jugement de Dieu, une punition de nos crimes; il était donc urgent de ne pas être pris en flagrant délit par l'ange vengeur, mais, au contraire, de régler sa conduite afin de se préparer à partir pour le paradis. Le prix des travaux fut bientôt hors de mesure ; et comme le nombre d'hommes capables de travailler ne suffisait pas pour les besoins et les demandes des hommes riches ou en état de payer, il en résulta pour ceux-ci la nécessité de faire eux-mêmes les petits travaux domestiques ; on les voyait moudre du blé et cuire le pain ; la simplicité de l'âge d'or semblait renaître. Plusieurs terrains considérables restèrent sans possesseurs, et furent occupés par les Arabes du désert.

LIVRE QUATRE-VINGT-NEUVIÈME

Suite de la Description de l'Afrique. — Description spéciale de la Barbarie. — Première division. — Le pays de Barkah. —L'oasis d'Audjélah. —Le Fezzan, — La régence de Tripoli. — Celle de Tunis.

Nous avons, dans le livre précédent, tracé un tableau de géographie hysique et d'ethnographie, applicable à toute la région Atlantique. Il nous reste à faire connaître les divers royaumes de la Barbarie, et les villes que ces divisions politiques renferment. Nous jetterons d'abord un p

coup d'œil sur les petits États semés dans le désert qui borde l'Egypte à l'ouest, et qui dépendent du Tripoli ; passant ensuite les Syrtes, nous sui-


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