Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-HUITIÈME.

charmes personnels, jouissent d'une grande liberté. Pourquoi voileraientelles un visage dont le teint et la maigreur repoussent tout désir coupable? Dans quelques tribus, les femmes se peignent des lignes et des figures en noir sur la joue et la poitrine. Les tentes des Arabes , couvertes de grosse étoffe ou de feuilles de palmier, ont conservé la figure d'un bateau renversé, que Salluste attribue au mapalia des Numides. Ils nomment une cabane semblable chaima, et un groupe de quelques chainias forme un douar on hameau, souvent entouré d'une haie d'épines pour en défendre l'entrée aux lions qui rugissent alentour. Les Arabes, comme les Maures, envoient à la Mekke des caravanes de pèlerins. En Asie, on les comprend les uns et et les autres sous le nom de Magrebi ou Mograbins, c'est-à-dire les Occidentaux. La race des Berbères, entièrement distincte des Arabes et des Maures, paraît indigène de l'Afrique septentrionale. Elle comprend probablement les restes des anciens Gétuliens à l'occident, et des Libyens à l'orient du mont Atlas. Aujourd'hui elle forme quatre nations distinctes, savoir: 1° les Amazygh, nommés par les Maures Chillah ou Choullah, dans les montagnes marocaines; 2° les Kabyles ou Kabaïls, dans les montagnes d'Alger et de Tunis ; 3° les Tibbous, dans le désert entre le Fezzan et l'Égypte ; 4° les Touariks, dans le grand Désert. L'identité de la langue que parlent les Berbères, reconnue par la comparaison des vocabulaires 1, est une des découvertes les plus importantes dont l'histoire ethnographique se soit enrichie. Cette langue n'offre jusqu'ici aucune ressemblance avec celle des Barabras de la Nubie et des Schelouks de l'Abyssinie : mais peut-être des recherches ultérieures feront-elles découvrir quelques liaisons. La langue berbère, dont les principaux dialectes sont le chillah dans l'État d'Alger, le choviah dans la régence de Tunis, le tamazeg dans l'empire de Maroc, le louarik dans le royaume de Tripoli, le libbou dans la partie orientale du Sahara et dans le sud du Fezzan, présente, ce nous semble, un caractère très-original, quoique rapproché de celui de l'hébreu et du phénicien; l'idiome de syouhah offre beaucoup d'analogie avec elle. Cette langue n'a point de termes pour exprimer les idées abstraites et les objets relatifs à la religion et aux arts : elle les emprunte à l'arabe, en leur donnant une terminaison berbère. Des recherches savantes ont 1 Hœst, Relation du Maroc, p. 128 (en dan.), p. 136 (en all.) Jones, Dissertat, de Ling. Shillensi, dans les Dissert, ex occas. Sylloges, etc. Amsterd , 1715. Shaw, Travels, p. 52. Hornemann, Voyage, etc., trad, de M. Langles, t. I, p. 33-145; t. II, p. 405. Marsden, Jbid, p. 413. Venture, Jbid., p, 430. sqq.


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