Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-SEPTIÈME.

à la liberté des relations commerciales avec ce pays. Cependant le commerce étranger n'y est pas sans importance ; Adoua ou Adoueh en est le principal comptoir, et Massaouah, sur le golfe Arabique, le principal port. On y apporte du plomb, de l'étain, du cuivre, des feuilles d'or, de la soie écrue, du coton, des draps de France, du maroquin d'Égypte et de la verroterie de Venise. L'Abyssinie reçoit aussi des caravanes de l'Egypte. Elle fournit en retour de l'ivoire, de l'or et des esclaves. Un sentiment commun a engagé les voyageurs anciens et modernes à comprendre toutes les côtes africaines, depuis l'Égypte jusqu'au détroit de Bab-el-Mandeb, sous la dénomination générale de Troglodytique, de côte d'Abex ou d'Habesch, et de Nouvelle-Arabie. Pourquoi ne pas adopter cette division intéressante sous les rapports de l'histoire et de la géographie physique? Nous savons déjà que la Nubie et l'Abyssinie n'ont point de limites fixes. D'ailleurs, un géographe arabe d'un grand poids distingue formellement la Nubie des contrées maritimes 1. Les anciens, que nous prendrons souvent pour guides, considéraient la chaîne de montagnes qui longe le golfe Arabique comme très-riche en métaux et en pierres fines. Agatharchide2 et Diodore3 parlent des mines d'or qu'on exploitait dans une roche blanche, probablement granitique. Pline rend ces richesses communes à toute la région montagneuse entre le Nil et le golfe4. Les géographes arabes ont confirmé ces relations, ainsi que celles relatives à une carrière d'émeraude dont nous avons déjà parlé. Mais la chaleur et la rareté de l'eau rendent la partie basse de la côte presque inhabitable. Partout les citernes remplacent les sources 5. Dans la saison sèche, les éléphants, au moyen de leurs trompes et de leurs dents, creusent des trous pour trouver de l'eau. Les vents étésiens ou du nord-est amènent les pluies périodiques 6. Les petits lacs ou mares dont la côte est parsemée se remplissent alors d'eau pluviale. Les palmiers, les lauriers, les oliviers, les styrax ou aliboufiers, et d'autres arbres aromatiques, couvrent les îles et les côtes basses. Dans les bois on voit errer l'éléphant, la girafe, l'ours fourmilier, et plusieurs espèces de singes. La mer peu profonde, se colore d'un vert de prés, tant est grande la quantité d'algues et d'herbes marines qu'elle nourrit. Il s'y trouve aussi beaucoup de corail. 1

Abulfeda, Afrika, ed. Éichhorn., tab. XXVII. Agatharch., de mar. Rub. Geogr. min. Huds. 3 Diod.Sic. 2

* Plin.,t VI, 5 Idem. * Strabon.

p.

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