Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-SEPTIÈME.

parti des monophysites; elle en forme encore, avec les Coptes de l'Egypte, une des branches principales. Cependant, par le grand nombre de fêtes, par le culte des saints et des anges, et par l'adoration presque divine de la Vierge, ils se rapprochent du catholicisme espagnol et italien. Ils font usage de l'encens et de l'eau bénite. Les sacrements reconnus sont le baptême, la confession et la cène sainte. Ils communient sous les deux espèces, et admettent la transsubstantiation. Leur Bible contient les mêmes livres que celle des catholiques, et en outre un livre d'Hénoch, dont Bruce a rapporté trois exemplaires. Dans l'église métropolitaine d'Aksoum on conserve une arche sainte qui est regardée comme le palladium de l'empire. Suivant la tradition, ce monument aurait été transporté de Judée en Abyssinie par Menihelec, le plus ancien roi du pays. Le peuple mêle à cette religion plusieurs pratiques qui rappellent le fétichisme : tel est, suivant Pearce, le culte du serpent. Ce reptile est tellement sacré en Abyssinie, que quiconque en tue un, paye ce crime de la perte de sa vie. Un autre genre de superstition consiste à couper aux enfants dont les aînés sont morts le bout de l'oreille pour les sauver d'une mort prématurée. A côté de cela, l'Eglise d'Abyssinie conserve plusieurs cérémonies du christianisme primitif : elle ne tolère dans les temples ni statues, ni bas-reliefs, ni crucifix; cependant les prêtres portent toujours un crucifix sur eux. Le baptême ne se donne qu'aux adultes, et dans ce but il y a toujours de grands bassins pleins d'eau aux portes des églises. Le respect pour ces édifices sacrés est tel, que ce sont, ainsi que nous avons souvent eu occasion de le dire dans nos descriptions, les lieux de refuge les plus sûrs contre les atteintes d'un ennemi ; que personne ne peut y entrer s'il n'est baptisé; que l'usage veut que l'on quitte sa chaussure en y entrant; que dans plusieurs circonstances ni les hommes ni les femmes n'en approchent, et que les prêtres seuls pénètrent dans le sanctuaire. D'après le rapport des missionnaires anglais, trois partis religieux divisent l'Abyssinie : l'un prétend que le Christ est à la fois Dieu et homme par lui-même; l'autre, qu'il n'est devenu homme que par la puissance du Saint-Esprit-, le troisième soutient qu'il ne fut fait homme qu'après que le Saint-Esprit eut descendu sur lui lors de son baptême dans le Jourdain. Ces disputes, sans résultat utile, contribuent encore à augmenter l'anarchie qui règne parmi les Abyssins. Le chef du clergé porte le titre d'abouna, c'est-à-dire le père; il est nommé par le patriarche copte d'Alexandrie : c'est toujours un étranger. Il


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