Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — DESCRIPTION DE L'ABYSSINIE.

entre l'intérieur de l'Abyssinie et la mer. On y fabrique des étoffes de coton et des toiles de diverses qualités; on y travaille la soie; son marché est un des plus importants de l'Abyssinie : aussi peut-on la regarder comme une des cités abyssines les plus florissantes. Ses habitants passent pour être plus doux et plus civilisés que les autres Abyssins. Les environs d'Adouah, quoique hérissés de montagnes escarpées, donnent trois moissons dans l'année. Mais la fertilité du royaume de Tigré n'empoche pas les habitants d'être un peuple aussi féroce et sanguinaire que perfide et corrompu1. Antalo, ville importante, renferme 1,000 maisons : on la regarde aujourd'hui comme la capitale du Tigré. Cependant nous devons faire observer que celte grande province n'a pas de capitale fixe : la résidence du souverain change selon son caprice ou selon les exigences politiques. Tchelicout, dans la contrée d'Enderta, est une des villes les plus importantes du Tigré. Les récoltes du Tigré sont souvent ravagées par des nuées de sauterelles dont les musulmans seuls font leur nourriture. Les pays situés au delà du Tacazzé sont moins exposés à ce fléau. Les provinces qui, à l'ouest, avoisinent le Tigré, portent les noms de Ouodjeral, de Siré et de Sémen. La première est un des greniers de l'Abyssinie ; c'est aussi un pays très-boisé dont les forêts renferment beaucoup d'animaux sauvages, et principalement des éléphants et des rhinocéros. Les vallées humides de la seconde produisent beaucoup de palmiers et divers arbres fruitiers ; elle est généralement formée de vastes plateaux coupés par de profondes vallées, et l'on y remarque plusieurs montagnes peu élevées. Dans la troisième s'étendent plusieurs chaînes de montagnes, dont les deux plus célèbres sont le Lamalmon et l'Amba-Gidéon. Ce dernier est proprement un plateau escarpé de tous côtés et presque inaccessible, mais assez vaste et fertile pour nourrir une armée entière. C'était la forteresse des Falasjan ou juifs abyssins, autrefois maîtres de la province de Sémen. Suivant MM. Combes et Tamisier, le Sémen n'a jamais été complétement soumis aux rois d'Abyssinie; bien avant l'ère chrétienne, cette province était peuplée de juifs qui avaient un roi, et une reine qui participait au gouvernement. Ces souverains se sont perpétués jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, malgré les guerres qu'ils curent à soutenir contre les empereurs d'Abyssinie, surtout à l'époque des missions des jésuites. La province montagneuse de Lasta, habitée par une peuplade la plupart du temps indépendante, renferme des mines de fer. Le Tacazzé y prend sa 1

Petis-la-Croix, ch. x. IV.

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