Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-SIXIÈME.

Depuis que le pacha d'Egypte

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a fait construire un fort où il tient gar-

nison , la ville, exposée à toutes sortes de vexations, a été réduite à un millier d'habitants. Il n'y a que 13 lieues de Bara à El Obéyd1, que l'on appelle aussi Ibéit et Ibbèjid. Cette capitale était florissante avant la conquête du Kourdofan par les Egyptiens : l'armée du pacha n'en a fait qu'un amas de ruines; cependant on conserve son nom à trois établissements situés près de l'emplacement qu'elle occupait, et qui sont Vadi-Naghele, habité par des marchands et pourvu d'une mosquée; Vadi Safie, petite colonie de nègres montagnards ; et Orta, ou le camp fortifié des Egyptiens, avec des casernes et des magasins. Leur population s'élève encore à 5,000 âmes, ce qui suffit 1 our indiquer quelle devait être l'importance de cette cité avant sa destruction. Les environs de El-Obéyd forment une contrée délicieuse, embaumée par des milliers de végétaux en fleurs, entrecoupée d'un petit nombre de rivières, mais d'une fertilité extraordinaire. Cependant le climat en est malsain : les trois quarts des Européens qui la visitent

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meurent; la dys-

senterie et les fièvres intermittentes causent cette grande mortalité. On

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récolte du blé, de l'orge, du mais, et une espèce de millet que les habitants nomment dok/tan et dont ils se nourrissent. Ces habitants forgent le fer; leurs principaux articles de commerce sont la gomme, le tamarin, l'ivoire et les cantharides. Ils sont doux et hospitaliers; leur religion est le mahométisme ; mais il en est peu qui comprennent le Koran, et rarement on les voit prier. La danse et la musique sont les plus grands plaisirs de ce peuple simple, chez qui les femmes et les filles vont nues. A huit ou dix ans celles-ci sont nubiles. C'est près de la petite ville de Kohlagi que l'on dit exister une montagne de ce nom qui rejette continuellement de la fumée et des cendres chaudes. Suivant M. Rüppel, on distingue dans le Kourdofan trois races différentes d'habitants : les Noubahs ou nègres, qui sont les indigènes, et qui reconnaissent un chef qui siège à El-Obéyd ; les Dongolais, qui à diverses époques sont venus s'établir dans le pays, et enfin les Arabes-Bédouins. Les Noubahs se livrent presque tous à l'agriculture, élèvent des chameaux, des bœufs, des troupeaux de moutons et de chèvres, et savent très-bien préparer le cuir. Chaque village a son chef, dont la dignité paraît être héréditaire. Les nègres des montagnes sont divisés en un nombre infini de peuplades, 1 Notice sur le Kordofan lue à l'assemblée générale de la Société de géographie du M avril 1851 par M. d'Escayrac de Lauture; ce voyageur prétend que l'on doit dire El-Obéyd et non pas Obeid comme nous l'écrivons sur nos cartes.


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