Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — ANNEXES DE LA NUBIE.

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qui parlent l'idiome dinka, aussi leur pays est-il appelé Donga ou Dinka; ils sont pasteurs, et comme les Dinkas ils adorent la lune et habitent des huttes en terre. On rencontre ensuite les Chirs, les Elliens, les Bokos et les Barry ou Behrs; ils ont un idiome particulier, ils sont pasteurs et s'occupent de la pèche. Mais ce qui les distingue de leurs voisins, c'est qu'ils sont agriculteurs; aussi remarque-t-on avec plaisir, en entrant dans leur pays, de belles moissons pendantes sur tout le terrain qui les environne, et qu'entrecoupent en tous sens des canaux naturels. Les bienfaits de l'agriculture et le petit trafic qu'ils font avec leurs voisins de l'est, leur procurent une vie plus douce, et cette fierté libre qu'accompagne si bien leur haute et belle stature. Ils exploitent au pied des montagnes qui commencent à se montrer sur la rive droite dans leur pays, sous les noms de Bellenia, Lokaia, et Berry, un très-bon minerai de fer avec lequel ils fabriquent des instruments agricoles, des lances et des flèches. Ils habitent des villages formés de huttes cylindriques. Les hommes vont nus et s'enduisent le corps d'une pommade rouge à l'oxyde de fer; les femmes se ceignent les reins d'une ceinture à filets en coton parfaitement travaillée et d'un joli effet. C'est à l'île de Jeanker et sous une latitude de 4° 42' 42" que s'est terminée l'exploration de M. d'Arnaud : le fleuve Bahr-el-Abiad coulait alors dans une vallée formée par de grandes chaînes de montagnes, mais son lit était hérissé de rochers et d'îlots syénitiques qui semblaient ne devoir permettre la navigation que dans la saison des hautes eaux. En 1850, M. le docteur Don Ignace Knoblecher, de Laybach, remonta le fleuve de quelques minutes au delà, et parvint jusqu'au 4° 9' de latitude septentrionale : les rives étaient toujours occupées par les Behrs dont il porte la population à 2 millions. Le fleuve avait encore plus de 180 mètres de largeur et 2 mètres 30 centimètres de profondeur moyenne, ce qui semble accuser qu'il était encore loin de sa source. Ayant gravi une montagne appelée Logwek, M. Knoblecher vit le Nil Blanc s'étendre vers le sud-ouest, jusqu'à ce qu'il disparût dans un horizon éloigné derrière une chaîne de hautes montagnes. Les Nègres lui apprirent qu'au delà de ces montagnes, le Nil venait directement du sud en traversant le pays des Pulunch. Ici s'arrêtent nos certitudes relativement au cours du Nil. Va-t-il prendre sa source au delà de l'équateur, comme le pense M. Knoblecher? ou bien, comme le suppose le docteur Beke, décrit-il une vaste spirale vers l'est, ainsi que le font le Mareb, le Bahr-el-Azrek, pour aller naître dans le versant méridional du plateau abyssinien au pays des Gallas? Enfin M. D'Abbadie s'est-il trompé en considérant, d'après les rapports des naturels du


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