Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-SIXIÈME.

des Djemilah et des Bagaras, qui sont arabes pasteurs, vivent sous la tente comme les nomades et échangent des bestiaux et des esclaves contre des toiles de coton. Les Dinkas habitent au confluent du Saubat et du Bahrel-Abiad, sur la rive droite de ce dernier, ils forment plusieurs tribus ayant un idiome à part; ce peuple, qui adore la lune, habite des cabanes en terre et en paille, il est pasteur et guerrier. Les Schelouks occupent en face de ces derniers la rive gauche du fleuve sur un développement de 100 milles; on peut évaluer leur population à plus d'un million. Ils sont pasteurs, ont la réputation d'être cruels et de mauvaise foi, ne connaissent encore le luxe d'aucun vêtement, et vivent de pillage sur les tribus voisines. Ce peuple reconnaît un souverain nommé le grand Mek, il habite de jolis villages chacun de 300 à 400 chaumières de forme cylindrique ; le plus important est Denab en face d'une grande île du même nom. En continuant à remonter le cours du Bahr-el-Abiad, après son confluent avec le Saubat, on se dirige pendant un dégré et quelques minutes vers l'ouest, puis le fleuve forme alors un vaste sinus, ou plutôt il traverse un grand lac poissonneux couvert d'îles; sa surface augmente considérablement au moment de la crue du fleuve, les naturels le nomment Nô (ce nom est douteux). Il reçoit de l'ouest une rivière, appelée aujourd'hui le Keilak, le Misselad de Browne, selon M. d'Arnaud 1. Sans nous arrêter à la prétendue communication du Nil avec le Niger par le Keilak, affluent du premier, et la Tchadda affluent du second, à l'aide d'un grand lac intermédiaire, nous constaterons que le volume des eaux du Keilak annonce une rivière d'un cours considérable dont le bassin étendu au loin vers l'ouest, rattacherait au bassin général du Nil, une partie du Soudan oriental. A partir du lac Nô, le Bahr-el-Abiad décrit beaucoup de sinuosités et prend une direction générale sud-est, il se partage quelquefois en deux bras pour enserrer des îles d'une certaine étendue, et forme encore des sinus que M. d'Arnaud désigne sur sa carte sous le nom d'Étangs; celui d'Aniop est important. Peut-être ces étangs, qui se confondent avec les plaines basses et marécageuses de la rive gauche, cachent-ils l'embouchure de quelque autre affluent venu de l'ouest. Les populations qui habitent les rives du fleuve sont les Nouerres, les Kèques ou Kyks, les Bendouryals, les Thului, les Heliabs et les Bhorrs 1 11 est probable que le nom de Misselad a été pris par Browne mal à propos pour celui d'une rivière, et qu'il correspond au mot Massalit, nom d'une tribu voisine du Batha.


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