Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUAΤRΕ-VINGT-CINQUIÈMΕ.

naariens ne méritent pas les mêmes éloges : ils sont fourbes, dépravés, superstitieux, quoique peu zélés observateurs de la loi mahométane. Les femmes ont plus que les hommes l'habitude de fumer : elles montrent une soumission servile envers leurs maris ·, l'un des points les plus importants de leur toilette consiste à se frotter long-temps de la tête aux pieds avec du beurre ou de la graisse de chameau, et à rester pendant une heure entière exposées sous une grande pièce de toile, à la fumée de copeaux de bois odo ■ rants que l'on fait brûler sans flamme. La principale nourriture des habitants est le doura; la boisson la plus habituelle, la

bulbul

et la

rnéryse,

qui sont deux sortes de bière obtenues

par la fermentation de cette graine. Au Sennaar, les hommes et les femmes ont à peu près le même costume que dans le Barbar et le Chendy. Les militaires n'ont, comme les Chaykyéhs, d'autres armes que la lance, le sabre à deux tranchants et le long bouclier en peau de crocodile ou de rhinocéros. Quelques cavaliers portent des cottes de mailles, et un casque qui ne consiste qu'en une calotte en fer. Le Sennaar, dit M. Cailliaud, ne justifie nullement par son étendue le titre de royaume, depuis qu'il a perdu plusieurs de ses dépendances septentrionales. Il est borné à l'ouest et au nord-est par le cours du Dender et par le pays d'Halfay ; au sud-est par l'Abyssinie ; au sud par le Fazokl et le Bouroum, et à l'ouest par les provinces de Dinka et d'el-Ayzc. Il peut avoir 80 lieues de longueur sur 20 à 30 de largeur, et près de 60,000 âmes de population. Au temps de sa plus grande puissance, le roi de Sennaar pouvait mettre 20 à 25,000 hommes sous les armes, dont 4 à 5,000 de cavalerie. Chez les Sennaariens, le talent de travailler le fer consiste à en faire des clous, des couteaux, des lances et quelques instruments très-simples pour le menuisier, qui est aussi charpentier et tourneur. Leurs maisons ressemblent à des ruches : ce sont de petites enceintes circulaires faites en pièces de bois et en terre, quelquefois en terre seulement, sur lesquelles on hisse la toiture, qui consiste en un grand chapeau formé de cercles de différentes grandeurs. Les hommes se livrent à l'agriculture et au commerce ; ils ne font point usage de la charrue : pour labourer leurs terres ils attendent l'époque où elles sont imprégnées de l'eau des pluies, et se servent d'une espèce de houe. C'est au mois d'août qu'on sème le doura : on le récolte trois mois après, en ne coupant que l'épi, usage que l'on retrouve figuré sur les monuments des anciens Egyptiens ; la tige de la plante reste en terre, où on la coupe au fur et à mesure pour la nourriture des bestiaux.


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