Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-CINQUIÈME.

partie cultivée, est une ville de 3 à 4,000 âmes, qui a été jadis deux à trois fois plus considérable. Les maisons, toutes construites en argile, n'y forment point de rues, mais sont disposées par groupes épars entourés de grands enclos. Les dernières ruines que l'on trouve sur le sol de l'île de Méroé sont à Sobah; elles couvrent un espace d'environ une lieue de circonférence; mais elles n'offrent qu'un amas de décombres, parmi lesquels M. Cailliaud ne découvrit qu'un sphinx mutilé. Cette antique cité seraitelle, comme le pense ce voyageur, la célèbre Saba, résidence de cette reine d'Ethiopie qui alla écouter les sages préceptes et les tendres discours de Salomon? Mais la ville la plus importante de cette contrée est aujourd'hui Khartoum, placée à peu de distance du confluent du Bahr-el-Abiad avec le Bahr-el-Azrek, elle est devenue depuis quelques années une des plus commerçantes de la Nubie, sa population est de 18;000 âmes et elle est la résidence du gouverneur général égyptien de la Haute-Nubie ; c'est une ville moderne bâtie par les Turcs. Le pays d'Halfay s'étend sur les deux rives du Nil. I1 était depuis 200 ans gouverné par un chef qui prenait le titre de melik, lorsque IsmaylPacha le rendit tributaire de l'Egypte. Conjointement avec celui de Chendy, il pouvait mettre en campagne 30,000 hommes de cavalerie. Au confluent du Bahr-el-Azrek et du Bahr-el-Abiad commence la province d'el-Ayze, qui continue jusqu'au Sennaar. Elle est habitée par des Arabes musulmans, dont les quatre principales tribus portent les noms suivants : Djemelyes, Hassanyehs, Hetsenâts et Mohamedyehs, qui occupent la rive orientale : sur la rive opposée se trouvent les Magdyehs, les Ellahouyehs, etc. Ces Arabes nomades habitent dans des cabanes de paille. Ils vivent en partie de poisson. Leurs mœurs sont généralement douces. Leur village principal est el-Ayze. Dans le désert de Bahiouda, qui s'étend à l'ouest du Nil, vis-à-vis de l'île de Méroé, on rencontre des Kererâts, des Kenâouys, des Kemehabes, et plus généralement des Kababiches. Presque tous ces Arabes se livrent à la recherche et à l'exploitation du sel gemme. Dans la partie orientale de l'île de Méroé et dans le pays compris entre les deux rivières du Rahad et du Dender, les Choukryehs et Kaouâhlehs vivent dans une continuelle inimitié avec les Djaleyns, qui forment la tribu la plus nombreuse. On dit ceux-ci les plus perfides des Arabes. Chez eux on achète, pour une certaine quantité de tamarin, le prix du sang ; ce qui assoupit pendant un temps les haines de familles. Ils sont en général robustes et bien constitués ; leur


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