Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-CINQUIÈME.

aux productions agricoles et manufacturières du pays. Aussi les Barbars font-ils de fréquents voyages en Egypte, où ils portent toutes les marchandises qu'ils reçoivent des caravanes, en échange de leurs toiles et de leurs autres produits, parmi lesquels le doura occupe le premier rang. De là vient aussi qu'un air d'aisance est répandu dans le pays, et qu'on y compte même plusieurs individus fort riches. Les villages d'el-Solymaniéh, el-Abeydyeh et Annakharah, et plusieurs autres, ne méritent pas d'être décrits; mais celui d'el-Mekheyr peut être considéré comme la capitale du Barbar. Il est sur la rive droite et à 300 pas du Nil; son étendue est d'un quart de lieue. Les maisons y sont sur trois lignes, séparées par deux larges rues ; elles sont en terre crue, et n'ont en général qu'un rez-de-chaussée. Près du confluent de l'Atbarah ou du Tacazzé et du Nil, on voit Damer ou Ad-Damer, capitale d'un petit Etat soumis à un gouvernement théocratique. Cette ville de 500 maisons, habitée par des Arabes de la tribu de Medjaydin, la plupart foukkaras ou prêtres, soumis à un pontife qui jouit d'une grande considération dans les tribus voisines, est formée de rues droites bordées d'arbres et aboutissant à une assez belle mosquée. Depuis l'expédition d'Ismayl-Pacha, ce pays a perdu son indépendance, mais Damer est toujours importante par son commerce et par ses écoles où sont élevés et instruits les jeunes mahométans que l'on y envoie du Sennaar, du Dar-four et de plusieurs autres pays éloignés. C'est à Damer que l'on entre sur le territoire assigné par les anciens à ce fameux empire de Méroé, dont l'origine se perd dans la nuit des siècles, que plusieurs écrivains anciens et modernes ont considéré comme le berceau de toutes les institutions religieuses et politiques de l'Egypte, et qui du moins a dù être un Etat très-civilisé et très-puissant. La prétendue île de Méroé comprenait l'espace qui s'étend entre l'Atbarah, l'Astaboras des anciens, le Nil, le fleuve Bleu ou le Bahr-el-Azrek et le Rahad. Entre les sources de cette dernière riviere et de l'Atbarah, le voyageur anglais Bruce dit qu'il existe un ruisseau qui, courant de l'est à l'ouest, fait, dans la saison des pluies, la jonction parfaite de ces deux rivières, et forme du terri toire de Méroé une véritable île qui justifie cette dénomination que lui ont donnée les anciens. Ce territoire comprend aujourd'hui, outre celui de Damer, deux pays plus considérables : le Chendy et l'Halfay. Bruce crut reconnaître les ruines de Méroé au-dessous de Chendy, vis-à-vis l'île de Kourgos ou Kourkos, qui s'élève au milieu du Nil : M. Cailliaud est d'accord avec lui sur ce point.


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