Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-QUATRIÈME.

La civilisation, grâce aux vues éclairées de Méhémet-Ali, a fait des progrès rapides en Egypte. Dire que le costume oriental a diminué d'ampleur; que le tarbouch, ou le simple bonnet en forme de calotte, a remplacé chez un grand nombre d'habitants le large et lourd turban, et que beaucoup d'individus se font raser le menton, c'est fournir déjà des preuves d'un commencement de révolution dans les moeurs des Egyptiens; mais lorsque l'on considère l'influence que devra exercer et qu'exerce déjà sur les esprits l'introduction de nos arts et de nos sciences à l'aide des élèves que le gouvernement d'Egypte a entretenus en Angleterre, en Allemagne et surtout en France, on sera porté à pressentir la rapidité des changements qui se préparent en Egypte. Malgré des préjugés qui paraissent invincibles, on a vu s'ouvrir à l'école de médecine fondée d'abord à Abou-Zabel et transférée ensuite au Caire, un amphithéâtre d'anatomie où l'on dissèque des cadavres humains. Elle est dirigée par un habile médecin français, le docteur Clot, que les Égyptiens nomment Clot-Bey ; et déjà quelques-uns des élèves qui s'y sont formés pourraient, même en Europe, passer pour d'excellents praticiens. On a organisé une Ecole centrale, dans laquelle les jeunes Egyptiens instruits en France remplissent les places de professeurs, et qui, plus étendue encore que notre Ecole polytechnique, devra fournir à l'Egypte des hommes habiles dans les arts chimiques, économiques et mécaniques; dans la marine, les constructions civiles et militaires, l'agriculture et le commerce. On a établi depuis plusieurs années une ligne télégraphique d'Alexandrie au Caire; la distance de 40 lieues qui sépare ces deux villes est depuis peu parcourue par une diligence qui rend aussi prompte que facile la communication entre ces deux points. Il en est de même entre Damiette et Rosette. La fatigue du voyage par terre d'Alexandrie à cette dernière ville, ce qui exige douze heures de marche dans le désert, est devenue moins pénible par la construction d'un caravansérail à moitié chemin. Dans toute l'Egypte, les routes, par les soins du gouvernement, ne sont plus exposées aux brigandages des Arabes nomades ; on peut y voyager avec sécurité, et les comunications au moyen de voitures publiques deviendront probablement très-faciles et très-nombreuses en peu d'années. Le gouvernement met tous ses soins à entretenir et à réparer les canaux. Dans le Delta, Méhémet-Ali a fait relever des berges tout le long du Nil, et construire, partout où cela était nécessaire, des digues de 2 mètres de hauteur sur 6 d'épaisseur pour retenir les eaux de l'inondation, de manière


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