Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — ÉGYPTE.

rique, a causé de grandes discussions parmi les philologues, on n'est pas encore d'accord sur sa nature et son origine1. Le caractère général de la langue copte consiste dans la brièveté des mots, souvent monosyllabiques, dans la simplicité de leurs modifications grammaticales, et dans l'habitude d'indiquer les genres et même les cas par des syllabes préfixes2. Comparée avec toutes les autres langues connues, elle n'a offert que de faibles indices d'une ancienne liaison avec l'hébreu et l'éthiopien. Sans origine, sans affinité connue, elle semble être d'une formation particulière : la théocratie de l'ancienne Egypte a pu créer une langue nouvelle et arbitraire pour cette nation qu'elle voulait isoler. L'alphabet copte, quoique évidemment modelé sur le grec, renferme quelques traits qui appartiennent à l'ancien, ou, pour mieux dire, aux anciens alphabets égyptiens 3. Les Coptes, d'abord attachés au rite de la grande Eglise grecque orientale, ont été entraînés dans la secte d'Eutychès ou des Jacobites, qui confondent plus ou moins les deux natures de Jésus-Christ. La circoncision est conservée comme mesure de propreté et sans motif de religion. Le patriarche d'Alexandrie se vante d'occuper le siége de saint Marc l'évangéliste, dont les Vénitiens prétendent avoir soustrait le corps ou du moins la tête. Rigides observateurs des règles de leur Eglise, les Coptes lui obéissent sans contrainte. Ce chef est élu par les évêques et les principaux de la nation; il nomme au siége archiépiscopal de Gondar dans l'Abyssinie, et a sous ses ordres et à sa nomination tous les directeurs des couvents au nombre de 20, et les prêtres des 128 églises coptes répandues en Egypte. Fins, sobres, avares, rampants, les Coptes des villes réussissent dans les affaires de commerce; ils se rendaient utiles à l'ignare administration mamelouke ou turque. Ils ne s'allient qu'entre eux et marient leurs filles très-jeunes. Trois jours avant le mariage, on conduit l'épouse au bain : la cérémonie se fait ordinairement après minuit : à cette occasion on célèbre la messe. L'époux est obligé d'attendre jusqu'au lendemain, pour consommer le mariage, que le prêtre qui l'a béni vienne lui ôter une espèce de lien nommé zennar, fait en forme de croix, et qu'il lui a passé au cou pendant 1 Quatremère: Recherches sur la littérature égyptienne, p. 173-174. Idem: Mém. géogr. et historiques sur l'Egypte, t.I, p. 235. Munster : De indole versionis sahidicæ. 2

Vater, dans le Mithridates d'Adelung, t. III, p. 387.

3

Zoëga: De orig. et usu obeliscor., sect. IV, ch. H, p. 424-4G3, p. 497. Tychsen: Biblioth. de l'ancienne littérature, ch. VI. Silvestre de Sacy, Champollion, Akerblad, etc., etc. IV.

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