Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-QUATRIÈME.

Les oasis paraissent avoir contenu des établissements militaires et commerciaux par lesquels l'Égypte, sous les Ptolémées et sous les Romains, communiquait avec les tribus errantes de la Libye et de l'Éthiopie, qui probablement leur étaient très-connues, jusqu'aux lieux où nous plaçons ordinairement les royaumes et les villes de Bournou et de Dar-four. Les mêmes circonstances naturelles qui font aujourd'hui du Bournou et du Dar-four les deux grands marchés de la Nigritie orientale, y ont dû anciennement concentrer dans des villes autrement nommées les caravanes africaines qui apportaient en Egypte des esclaves, de l'or, de l'ivoire et des plumes d'autruche. Jetons maintenant un coup d'oeil sur les peuples qui habitent l'Égypte, sur leur langue, leurs mœurs et leur civilisation. Les Copies ou Gobthes peuvent être regardés comme les véritables propriétaires de l'Égypte. Ils sont, par rapport aux Arabes, ce que les Gaulois étaient aux Francs sous la première race de nos rois. Mais les vainqueurs et les vaincus n'ont pas été fondus dans un corps de nation. Les Arabes accablèrent par leur féroce intolérance les malheureux Grecs et Égyptiens. Ils les forcèrent ainsi à demeurer séparés d'eux et à former une nation particulière, mais écrasée et presque anéantie. Les connaissances qu'ils avaient cultivées, l'écriture, l'arithmétique, les préservèrent d'une destruction totale. L'Arabe, qui ne savait que combattre, sentit qu'il avait intérêt à les conserver. On estime le nombre actuel des Coptes à 30,000 familles, ou, selon d'autres données, à 160,000 individus. Les Coptes répandus dans le Delta habitent surtout la Haute-Égypte. Dans le Saïd, ils occupent presque seuls des villages entiers. Ils sont les descendants des anciens Égyptiens mêlés avec les Perses depuis Cambyse, et avec les Grecs depuis Alexandre et les Ptolémées. Selon les témoignages unanimes des voyageurs, les Coptes ont le feint basané, le front plat, surmonté de cheveux demi-laineux ; les yeux peu couverts et relevés aux angles ·, des joues hautes, le nez plus court qu'épaté ; la bouche grande et plate, éloignée du nez et bordée de larges lèvres ; une barbe rare et pauvre; peu de grâce dans le corps; les jambes arquées et sans mouvement dans le contour, et les doigts des pieds allongés et plats. Les Coptes parlaient, il n'y a que huit à dix siècles, une langue particulière qui est encore employée dans leur service divin ; c'est un reste de l'ancienne langue égyptienne, mêlée de beaucoup de mots grecs et arabes. Deux dialectes de cet idiome, le memphitique ou bahirique, et le saïdique, nous sont connus par quelques livres de religion; un troisième, le baschmou-


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