Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-QUATRIÈME.

au-dessus du sien, de sorte que la ville s'élève tous les jours davantage. La pointe du rocher qui domine au centre de celle-ci, rappelle le sommet de la spirale d'un limaçon. Il y a trois puits dans l'intérieur de la ville : un d'eau douce et deux d'eau saumâtre, tous trois sont creusés dans le roc. Dans la partie septentrionale s'élève la mosquée : elle est bâtie en pierres informes et soutenue par des pièces de bois de dattier. La seule place publique de la ville est le marché aux dattes : il est long de 300 pas et large de 200. Les habitants do Syouah sont tellement jaloux de leurs femmes, que la loi oblige les jeunes gens qui ont atteint l'âge de puberté, et les hommes veufs. de quitter la ville et d'aller demeurer dans une sorte de faubourg appelé Beled-El-Kouffar, et bâti au bas de celle-ci au pied d'un rocher conique nommé Djebel-El Kouffar. A une demi-lieue de la ville on voit un lac d'eau saumâtre d'une lieue d'étendue. C'est entre ce lac et Syouah que se trouvent les restes du célèbre temple de Jupiter Ammon, appelé par les habitants Omm-Beydah. Ses débris sont trop peu considérables pour que l'on puisse reconnaître son étendue et sa distribution : cependant les vestiges de trois enceintes, les pierres énormes éparses sur le sol, et toutes les masses qui sont encore debout, sont des indices qui s'accordent assez avec l'idée qu'on doit se fairede ce monument. L'enceinte extérieure, qui renfermait toutes les constructions, pouvait avoir environ 120 mètres de longueur sur 100 de largeur. Les ornements du plafond représentant deux rangs de vautours les ailes déployées; les murailles couvertes de peintures où des prêtres forment de longues processions disposées sur trois rangs ; partout la figure à tête de bélier recevant des offrandes : tout annonce évidemment que le dieu auquel était dédié ce temple égyptien est celui dont les Grecs ont fait leur Jupiter-Ammon. « Ainsi, comme le dit M. Cailliaud, sous ce rapport comme sous tous les autres, on ne peut douter que ces restes antiques n'appartiennent au temple d'Ammon et que l'oasis de Syouah ne soit le pays des Ammonites. » Près de ce temple est une source célèbre ; M. Cailliaud fit de vains efforts pour obtenir la permission de la visiter : les habitants ne voulurent jamais y consentir : l'approche en est interdite aux étrangers Au nord de Syouah s'élève Djebel Moula, montagne curieuse par les hypogées qui y sont creusées ; à l'est se trouve une autre montagne appelée Drâr-Abou-Beryk, où l'on remarque aussi de semblables souterrains. L'un d'eux passe pour avoir une communication avec le temple. Dans la plaine de Zeytoun, à 3 ou 4 lieues au nord-est de Syouah, on remarque plusieurs temples en ruines ·, l'un est romain, mais les autres se rapprochent


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