Géographie complète et universelle. Tome 4

Page 192

180

LIVRE QUATRE-VINGT-QUATRIÈME.

ainsi qu'à celles qui vont d'Edfou aux mines d'émeraudes de Djebel-Zabarah et à l'ancien port de Bérénice. Ces Arabes sont plus riches en chameaux et en moutons qu'en chevaux ; ils recueillent le séné dans les déserts, et font le commerce de gomme et de natron; ils vendent aussi à Gizeh des esclaves de la Nubie. Leur principal entrepôt de commerce est un petit endroit nommé Reden, qui est la résidence habituelle de leur cheik. Nous devons encore comprendre dans la topographie de l'Égypte les oasis, qui de tout temps ont fait partie de ce royaume. Strabon a donné une excellente définition du mot oasis. « On appelle ainsi, dans la langue « des Égyptiens, des cantons habités, mais environnés entièrement de « grands déserts, et semblables à des îles de la mer. » Les Arabes les nomment ouâh, et un dictionnaire copte de la Bibliothèque nationale de Paris nous apprend que ce mot en copte signifie lieu habité 1 Cinq oasis à l'occident de l'Égypte méritent particulièrement ce nom. La grande oasis, ou l' oasis de Thèbes, qui est la plus méridionale, porte chez les Arabes les noms de El-Ouâh et do El-Khardjeh. Elle paraît être formée d'un certain nombre de terrains fertiles et isolés qui s'étendent dans une ligne parallèle au Nil et aux montagnes qui bordent à l'ouest la vallée de l'Égypte. Ces îles de terre-ferme sont séparées les unes des autres par des déserts de douze à quatorze heures de chemin, de manière que toute l'étendue de cette oasis paraît bien être d'à peu près 34 lieues, dont la plus grande partie est un désert. Poncet la visita en 1698, Browne et M. Cailliaud la parcoururent deux fois. On y voit, dit le premier de ces voyageurs, beaucoup de jardins arrosés par des ruisseaux; des forêts de palmiers y conservent une verdure perpétuelle. D'après des relations récentes, il s'y trouve des ruines égyptiennes chargées d'inscriptions hiéroglyphiques. Le sol de cette oasis est criblé, si l'on peut s'exprimer ainsi, d'antiques puits forés, qui attestent le degré de civilisation auquel étaient parvenus ses anciens habitants. Il paraît, d'après les renseignements fournis à ce sujet par M. Ayme, Français, chimiste et manufacturier, que le vice-roi d'Égypte a nommé récemment gouverneur civil et militaire de toutes les oasis, que les anciens pratiquaient des puits carrés dont les dimensions qu'il a mesurées varient de 2 à 3 mètres ou à 3 mètres 33 centimètres de côté. Ils les creusaient jusqu'à la profondeur de 20 à 25 mètres, en traver1

Cette description des oasis laissait, faute de documents, beaucoup à désirer dans le quatrième volume de la première édition en 1848. M. Huot l'a heureusement complétée, et nous n'avons eu rien à changer à son travail. V.A. M-.B.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.