Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-QUATRIÈME.

dont la forme et la belle couleur rouge sont encore celles des vases que l'on voit représentés dans les antiques sculptures des hypogées, on reconnaît les ruines de la ville égyptienne d' lbo, l'Apollinopolis-Magna des Grecs. On peut même dire que cette petite cité ne consiste qu'en un vaste temple, autour duquel se groupent de misérables cabanes. Ce monument, qui fut consacré par Ptolémée-Épiphanes, Évergète II et Alexandre, au dieu Marital, le grand Horus, l'Apollon égyptien, offre, malgré les dégradations qu'il a éprouvées, un des plus beaux modèles de l'architecture égyptienne, bien que les bas-reliefs dont il est orné soient d'un mauvais style. 11 a 140 mètres de longueur sur 70 de largeur. Plusieurs portiques, soutenus par d'énormes colonnes, conduisent à diverses salles et à des couloirs mystérieux que l'on traverse pour arriver au sanctuaire. A peu de distance de ce temple, il en existe un autre moins grand, consacré à Typhon, le génie du mal. A 8 lieues au-dessus d'Edfou, on remarque les vastes carrières de Djebel-Selseleh, ou de la montagne de Silsilis des anciens, d'où l'on a tiré les blocs immenses qui ont servi aux constructions de Thèbes et d'Atbo. Elles forment, suivant Champollion, un immense musée d'inscriptions, un véritable musée historique : plusieurs chapelles y ont été creusées par les rois Amenophis-Memuon, Horus, Rhamsès le Grand ou Sésostris, Rhamsès son fils, Rhamsès-Meïamoun, et Menephtah II. Sur la rive droite du Nil, on voit encore, dans des carrières semblables, un sphinx qui n'a point été achevé, et des pierres sur lesquelles on reconnaît un travail à peine ébauché, Près d'un coude du Nil qui forme un port, on voit les ruines d'Ombos sur une colline appelée Koum-Ombos. Dans le grand temple, qui fut commencé par Ptolémée-Épiphane et continué par ses successeurs, quelques peintures, qui n'ont pas été achevées, prouvent que les Égyptiens employaient pour le dessin les mêmes procédés géométriques que les modernes ; savoir, de diviser le tableau par carreaux, procédés qui sans doute leur servaient aussi pour la géographie1. Le Nil a fait écrouler une partie du petit temple. Dans ces deux édifices, Osiris était représenté avec une tête de crocodile. Assouan ou Asouan est la dernière ville de l'Égypte, du côté de la Nubie. Sa position a dû lui donner dans tous les temps une grande importance. Dans l'antiquité, elle fut, sous le nom de Syène, une place forte. Les Arabes soignèrent aussi ses fortifications ; mais après la chute des califes fatimites, elle fut entièrement ruinée par les tribus nubiennes. En s'emparant 1

Chabrol et Jomard, dans la Description de l'Egypte.


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