Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — ÉGYPΤE. 171 d'arroser artificiellement, a été enrichie par quelques beys mamelouks qui y dépensaient l'argent arraché aux cultivateurs des environs. Esnéh offre plus de luxe et une industrie plus recherchée que les autres villes de la Haute-Egypte, Il s'y fabrique, entre autres, une grande quantité d'étoffes de coton bleu très-fines, et des châles appelés malâeyh, dont on fait un grand usage en Egypte. Enfin, les caravanes de Sennâr et du Darfour y apportent tous les objets de leur commerce, qui consiste particulièrement en gomme arabique, en plumes d'autruche et en dents d'éléphant. Le bois y est d'une rareté extrême. Cette ville renferme 4 à 5,000 habitants; ses plus belies maisons sont au centre, autour d'une grande place ornée de bâtiments en briques ; elle est la résidence d'un cheikh arabe, et il s'y tient le plus important marché aux chameaux de toute l'Égypte. On y compte 300 familles coptes, qui ont aux environs une église faisant partie d'un ancien couvent encore très-considérable, qui passe pour avoir été, sous le règne de Dioclétien, le théâtre d'un épouvantable massacre de chrétiens. Parmi les ruines qui appartiennent à Latopolis, on admire le portique d'un temple qui a été changé en un magasin de coton. Ce portique est soutenu par vingt-quatre colonnes. Le plafond est orné d'un zodiaque que l'on a cru être de deux mille ans plus ancien que celui de Denderah, alors que ce dernier passait pour un des plus anciens monuments de l'Egypte ; mais Champollion a pensé, au contraire, qu'il était un des plus modernes de tous ceux que possède cette terre classique de l'antiquité. Près du couvent copte dont nous venons de parler, il existe un autre temple dont le portique, supporté par huit colonnes, présente aussi un zodiaque, mais moins bien conservé que le précédent. Esnéh est la dernière place considérable en Egypte ; mais on remarque encore plus loin des ruines intéressantes. A El-Kab, petit village situé sur les ruines de l'antique Eileithya, deux grottes renferment un grand nombre de peintures relatives aux usages et aux occupations des anciens Égyptiens ; on y découvre les diverses formes de leurs instruments aratoires1 ; on y voit représentées diverses scènes relatives aux travaux de l'agriculture et de la vie domestique ; la moisson et les vendanges, des danses champêtres et des funérailles. On reconnaît encore les restes d'un temple et les murailles de l'ancienne cité. On n'y voit plus que les traces de l'ancien temple consacré à la déesse Souan (Eileithia ou Junon-Lucine). A Edfou, petite ville de 2,000 âmes, où l'on fabrique des vases de terre 1 Le baron Costaz : Mémoire sur les grottes d'Eléthya, dans la Description de l'Egypte.


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