Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — ÉGYPTE.

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creusées dans une roche calcaire tendre, et soutenues de distance en distance par d'énormes piliers. Ces galeries conduisent à de grandes salles soutenues de la même manière : on ne peut y pénétrer que jusqu'à une petite distance, parce que les décombres entassés ne permettent d'y avancer qu'avec peine et en rampant. Ce qu'on nomme proprement la Nécropolis est une suite de petites cavités qui ont été faites pour recevoir des cadavres humains : on les a toutes ouvertes pour y découvrir des trésors; mais les catacombes ne l'ont point été, et pourraient peut-être donner lieu à des fouilles fructueuses. Entre les catacombes et Alexandrie on voit près du rivage quelques bains rongés par l'action des eaux. Ces bains ont été probablement à tort décorés du nom de Bains de Cléopâtre. L'antique cité rebâtie par Alexandre renfermait sous Auguste300,000pcr~ sonnes libres et le double d'esclaves. Lorsque vers le milieu du septième siècle les troupes du calife Omar s'en emparèrent, elle était encore tellement peuplée, malgré la décadence qu'elle avait éprouvée, qu'on y comptait plus de 4,000 bains. Elle a donné le jour à plusieurs hommes célèbres, tels qu'Euclide, Appien, Origène, etc., etc. Sa population, qui s'est accrue dans ces dernières années, est d'environ 60,000 habitants, dont les équipages de flottes et les ouvriers de l'arsenal forment environ le tiers. On compte dans les deux tiers restants 20,000 Arabes, 6,000 Turcs, 10,000 Juifs ou Coptes et 5,000 Européens. Nous ne comprenons point dans ces nombres une population flottante composée de quelques milliers d'étrangers et de voyageurs. Alexandrie fait encore un commerce qui intéresse l'Europe méridionale ; c'est l'entrepôt de tous les échanges de l'Égypte avec Constantinople, Livourne, Venise et Marseille. Pour favoriser son commerce, Méhémet-Ali a fait construire entre cette ville et Rosette une chaussée qui sert à transporter les marchandises, et il a rétabli l'ancien canal qui commence à la branche du Nil qui débouche à Rosette, passe près d'Aboukir, borde le lac Maréotis que les Arabes appellent Baheïreh Maryouth h, et se jette dans la mer à Alexandrie. Ce canal, auquel travaillaient 25,000 fellahs en 1819, fut terminé en 1820. A 4 ou 5 lieues au nord-est d'Alexandrie on remarque sur un promontoire le village d'Aboukir, qui paraît être bâti, selon quelques auteurs, sur les ruines de l'antique Canope, selon d'autres sur celles de Taposiris, et selon d'autres encore, mais avec plus de vraisemblance, sur celles de Basiris, ville qui fut célèbre par son temple consacré à Isis, et par la fête annuelle que les Egyptiens y célébraient. Sur la pointe la plus avancée dans la mer s'élève une citadelle. La rade qui porte le nom de ce village


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