Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-QUATRIÈME.

Ceux qui jugent cette organisation d'après les idées européennes, sont prêts à en faire la critique. Mais lorsque Ton considère combien les différentes races qui constituent le peuple égyptien sont loin d'avoir l'activité et l'instinct du bien-être qui caractérisent l'Européen ; lorsque l'expérience des siècles antérieurs a prouvé que les fellahs, naturellement indolents et presque sans besoins, laisseraient tomber en décadence l'agriculture si on les laissait livrés à eux-mêmes, on reconnaît que le système de propriété réalisé par Méhémet-Ali est celui qui convient le mieux à l'Égypte. C'est à ce système, dit M. Clot-Bey, qu'il faut attribuer les immenses progrès que l'agriculture y a faits dans ces derniers temps, l'introduction de riches plantations inconnues jusqu'alors au sol égyptien et qui lui étaient éminemment propres, et l'augmentation rapide des produits. C'est ce système enfin qui a donné au vice-roi les moyens d'élever et de soutenir sa puissance, et qui lui a permis de porter les revenus de l'Egypte de 35,000,000, chiffre qu'ils atteignaient en 1799, à plus de 60,000,000 de francs. Les mamours donnent chaque année avis au gouvernement de la quantité de terres à cultiver, et, après en avoir reçu les instructions nécessaires, les font ensemencer avec les graines et dans les proportions indiquées. Ils surveillent les cultures, et dès qu'ils possèdent des données certaines sur l'abondanee des récoltes, ils en rendent compte au gouvernement, qui fixe la quotité du miri, ou impôt, le genre et le nombre des produits à livrer, et les prix auxquels ils seront vendus. Après la récolte, les nazirs en font transporter les produits dans les greniers publics ou dans tout autre lieu désigné par le conseil d'État, et en paient la valeur au taux fixé par le pacha, soit en argent comptant, soit en bons sur le trésor. Le miri est proportionné à l'abondance des récoltes et à la vente des produits; et comme le cultivateur peut payer le gouvernement en papier, il n'a pas le droit de demander de l'argent. Il peut vendre ou employer comme bon lui semble ce qui lui reste, après avoir fait sa livraison au gouvernement et avoir réservé ses semences. Partout les impôts sont les mêmes; et quelles que soient la race et la religion des sujets, ceux-ci ont droit d'obtenir des terres à cultiver. Outre le miri, le pacha perçoit un autre impôt sur les dattiers et sur les maisons. En 1826, 618,600 maisons étaient imposées et produisaient 39,300,000 francs ; les dattiers, au nombre de 6,000,000, supportaient un impôt de 20 à 65 paras par arbre, et donnaient un produit de 400,000 talaris, ou environ 1,800,000 francs. Pour augmenter ses ressources, le gouvernement lève encore d'autres


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