Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — ÉGYPTE.

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revenus étaient affectés aux dépenses du gouvernement, et l'excédant devait être envoyé à Constantinople; mais les agents, depuis les receveurs jusqu'aux beys, s'arrangeaient si bien que le grand-seigneur ne touchait presque rien de toutes ces impositions. Il y a plus, on lui portait en compte des dépenses pour des réparations de bâtiments et des canaux qui n'avaient pas eu lieu. Les revenus des beys étaient formés non-seulement de tout ce qu'ils recevaient des villages qui leur étaient attribués, mais aussi de ce qu'ils pouvaient extorquer de mille manières. On croit généralement que les Mamelouks tiraient de l'Egypte, en revenus publics et particuliers, environ 35 à 40 millions de francs. Ils ont varié chaque année sous les Français, selon les circonstances de la guerre; mais le général Reynier les évalue, l'un portant l'autre, à 20 ou 25 millions. Ces tyrans de l'Egypte, ces Mamelouks étaient, comme on sait, des esclaves guerriers que les califes fatimites avaient achetés pour s'en former une garde. Malgré l'influence que les Turcs ont exercée sur l'administration civile, le corps des Mamelouks avait maintenu son organisation militaire, et il se recrutait toujours de la même manière. Des marchands turcs amenaient en Egypte des esclaves enlevés de différents pays. 11 y en avait d'Allemands, de Russes ; les plus nombreux venaient de différentes parties du Caucase, de la Géorgie, de la Circassie; ils avaient depuis quinze ans jusqu'à dix-sept. Les chefs des Mamelouks en achetaient un nombre plus ou moins grand. Ces enfants étaient employés au service personnel de leur patron, qui leur faisait donner une éducation toute militaire; ils lui donnaient le nom de père, et étaient censés de sa famille. Lorsque pour récompenser leurs services leurs maîtres les affranchissait, ils quittaient sa maison, recevaient de lui des propriétés ; souvent même il les mariait à l'une de ses esclaves. Mais ils étaient toujours prêts à lui obéir et le suivaient à la guerre. La permission de laisser croître leur barbe était le signe de leur liberté. L'esprit de corps avait étouffé jusqu'au sentiment de l'amour paternel; les fils ne succédaient qu'aux biens personnels du père, mais non pas à sa dignité ni à son pouvoir. On méprisait l'enfant élevé dans le sérat, par des femmes : peut-être cette opinion avait-elle pris naissance dans une observation qu'on dit vérifiée par une longue expérience; c'est que les races étrangères au sol de l'Egypte éprouvent le sort des plantes, et s'y détériorent dès la seconde ou troisième génération. En général, les femmes des Mamelouks vivaient comme celles des


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