Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-QUATRIÈME.

querent rte nouveau en Egypte, le 17 mars 1807, dans l'intention de subjuguer le pays; mais le 14 septembre de la même année ils furent forcés de se rembarquer. Dès ce moment, l'Égypte devint le théâtre de la plus affreuse anarchie. Les Mamelouks, qui essayaient de ressaisir leur ancienne autorité, et les pachas envoyés par le gouvernement ottoman, se livrèrent de terribles combats, qui achevèrent de ruiner ce pays, épuisé par la conquête des Français et par les tentatives infructueuses des Anglais. Les Mamelouks, affaiblis par les pertes que les Français leur avaient fait éprouver, marchaient vers une ruine complète en se divisant. Les luttes de leurs deux principaux beys augmentaient la force de quelques milliers d'Albanais qui formaient le corps le plus aguerri de l'armée turque. A la suite d'une révolte occasionnée par le défaut de solde, ces Albanais, commandés par Méhémet-Ali, déposèrent le vice-roi qui gouvernait au nom de la Porte, et conférèrent la vice-royauté à Méhémet-Ali, qui, appuyé par les cheikhs et chéri des populations, fut bientôt confirmé dans cette dignité par le gouvernement turc. Ce choix tombait sur un de ces hommes doués de cette fermeté de caractère et de ces grandes vues qui les rendent capables de gouverner les empires. Méhémet-Ali, par son adresse autant que par son énergie, sut acquérir un pouvoir que ses prédécesseurs avaient vainement tenté de saisir ; et, pour éviter qu'a l'avenir il ne lui fût ravi par les Mamelouks, si justement redoutés, il employa un de ces terribles expédients dont l'Orient a été si souvent le théâtre, et qui d'ailleurs n'était que l'exécution du projet que la Porte avait depuis longtemps conçu. Le 1 er mars 1811, sous le prétexte d'une fête, il fit rassembler dans son palais tous les Mamelouks qui résidaient au Caire et les fit impitoyablement massacrer. L'ordre fut donné en même temps de détruire tous ceux qui étaient répandus dans les provinces. Après s'être ainsi défait de cette milice turbulente, l'Egypte se trouva pacifiée. Le pacha porta ensuite la guerre en Arabie contre les Wahabites, dont il avait projeté d'affaiblir la puissance, et, à la fin de la guerre de 1819, ce peuple fut presque entièrement détruit. A peine cette expédition étaitelle terminée, qu'il envoya son fils Ismayl soumettre les peuples de la Nubie, du Dongolah, du Scnnaar et du Kordofan. Dans la terrible lutte des Grecs contre leurs oppresseurs, le pacha d'Egypte se montra le fidèle vassal de la Porte en lui prêtant le secours de ses soldats et de ses flottes, et en exerçant sur les malheureux insurgés des cruautés que la différence de croyance religieuse ne pouvait autoriser. Soumis d'abord en apparence à la Porte, il employa les longues années de paix qui suivirent à rassembler ses forces et à réaliser ses grands projets de réformes militaires : avec l'aide d'un fran-


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