Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — ÉGYPTE.

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soi la conviction, est trop peu circonstancié pour qu'on puisse espérer d'en donner une explication. L'hymne poétique qui l'accompagne, et qui en contient les détails les plus importants, est peu susceptible d'une interprétation précise. Tout ce que, sous le rapport de la géographie physique, ces monuments nous apprennent, c'est que les marées et les vents, autrefois comme aujourd'hui, firent hausser et baisser considérablement le niveau du golfe. Si l'isthme de Suez n'a subi, depuis les temps historiques, aucun changement, surtout aucun rétrécissement notable; si une communication naturelle des deux mers n'a jamais existé de mémoire d'homme, l'industrie a cherché à ouvrir artificiellement le passage qu'avait fermé la nature. Le canal des deux mers a été le sujet de bien des projets et de bien des discussions. Les ingénieurs français de l'armée d'Orient en ont reconnu les traces et les restes avec une précision qui ne laisse rien à désirer. Le canal se dirige de Belbeis (vicus Judœorum) sur l'ancienne branche Pélusiaque, aujourd'hui le canal Menedji, vers Abbaçéh (l'ancien Thou), c'est là qu'il entre dans l'étroite vallée des Arabes-Tonmylat, dont le niveau est inférieur à celui de la mer Rouge de 1 mètre 60 centimètres. Plusieurs portions du lit du canal sont encore tellement conservées, qu'il suffirait presque de le nettoyer. Il passe à Aboukecheyd, que l'on considère comme répondant à l'ancienne Héroopoiis. Le bassin des lacs Amers a dù pouvoir être rempli à volonté par les eaux du Nil; après ce bassin, les vestiges du canal reparaissent dans l'isthme qui sépare les lacs de la mer Rouge; ils indiquent que le creusement du canal a été achevé1. Mais à quel siècle, à quel prince attribuer ce grand travail? Ne parlons pas des temps fabuleux de Sésostris et de Ménélas. Deux rois mieux connus de l'histoire, Nécho et Psamméticus, ne paraissent pas en avoir achevé le creusement ; ils furent, ainsi que Darius, arrêtés par la crainte de voir l'Egypte inondée des eaux amères de la mer Rouge, reconnues pour être plus élevées que celles du fleuve; c'eût été un sacrilége que d'admettre ainsi le malfaisant Typhon dans l'heureux empire d'Osiris. On ignorait l'usage des écluses, qui eût pu garantir les champs égyptiens de ce danger imaginaire. Les Ptolémées, selon Strabon2, qui avait voyagé en Egypte, achevèrent le canal ; selon Pline, ils no le conduisirent que jusqu'au bassin des lacs Amers5. Le premier de ces auteurs place à Phacusa le point où le canal communiquait avec le Nil ; ce 1 2

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Description de l'Egypte, t.I. Mémoire de M. Lepère Slrabon : Géog., t. XVII. Pline, t. VI, cap. XIXX.


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