Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-TROISIÈME.

quer son témoignage, tout à fait contradictoire, en apparence, à tous les rapprochements que nous venons de faire. Lorsque le canal négligé et abandonné n'animait plus le commerce d'Héroopolis, les habitants transférèrent probablement leur domicile dans un endroit rapproché du véritable golfe; ou plutôt ils furent transportés dans une autre ville, qui alors a pu prendre le nom de Héroopoiis, en devenant le chef-lieu du nôme ou de la préfecture. Cette nouvelle Héroopoiis, seule connue de Ptolémée, a pu être avec raison placée par ce géographe à une latitude un peu plus septentrionale que celle de Suez. Nous pensons que cette seconde Héroopolis, indiquée par les tables de Ptolémée1, occupait l'emplacement marqué par des ruines,, au nord-est de la pointe du golfe ; ce qui est assez conforme à l'opinion de Gossellin, avec qui nous ne sommes pas d'accord sur le reste2. Ces ruines ne peuvent aucunement appartenir à Arsinoé, surnommée Cléopatris, comme les ingénieurs de l'armée d'Egypte l'ont cru; car cette ville était, selon un témoin probablement oculaire, située à l'extrémité du canal des deux mers, et ce fut dans son port qu'Elius Gallus rassembla les trirèmes, les bâtiments de guerre destinés contre les Arabes. Ce passage, négligé dans les discussions récentes, semble fixer la position d'Arsinoé-Cléopatris au nord de Kolzoùm. La petite anse qui forme le port intérieur de Suez répond au golfe Charanda de Pline, où ce géographe romain semble placer encore le petit endroit Aennum, probablement Bir-Suez, et le port Danéon ou le port inférieur, qui peut représenter la ville même de Suez. Toute l'obscurité qui environne l'Héroopolis de Ptolémée ne serait pas dissipée si nous ne déterminions pas encore la position de Clysma, qui d'abord n'était qu'un château fort. L'hypothèse du savant Gossellin sur l'existence de deux endroits du nom de Clysma s'écroule avec la fausse version de M. Deguignes sur laquelle elle était fondée; il est prouvé que jamais aucun auteur arabe n'a dit ce que cet orientaliste a fait dire à Ibnal-Ouardi. Tous les écrivains orientaux, d'accord avec la tradition constante des habitants du pays, placent Kolzoûm ou Klism un peu au nord de Suez, où Niebuhr en a vu les ruines. La signification du nom grec indique aussi que ce château fort devait être situé près de l'écluse qui fermait le canal. La même position est donnée par les mesures de l'Itinéraire, pourvu qu'on suive depuis Serapeum les sinuosités du bord occidental des lacs Amers. La table de Peutinger paraît, il est vrai, placer Clysma 1

Ptolémée: Géographie., lib. IV, cap. v, vu.

2

Recherches sur la Géogr. des Grecs, t. II, ρ 166 483, 278.


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