Journal du voyage fait par ordre du Roi à l'Equateur

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HISTOIRE

DES

PYRAMIDES

j'avois récemment fait graver, depuis que nous étions convenus, entre les trois Académiciens, de tous les termes, à la pluralité des voix. J'épargne au lecteur un plus long détail de cette fingulière conteftation, ainfi que des incidens * qui en retardèrent le jugement. On aura peine à croire qu'une chofe fi fimple ait pu donner matière à plus de quatre-vingts rôles in-folio d'écritures, fans compter les lettres particulières & íes mémoires qui avoient précédé, dont on eût pu faire un volume beaucoup plus gros. Après que les parties eurent fourra réciproquement leurs productions, la Cour ordonna un foit communiqué au Proculeur générai ; & l'on n'attendoit plus que les conclufions lorfque les deux Officiers efpagnois furent nommés par l ' A u dieuce, comme je l'ai dit ailleurs, pour commander les milices de la province de Quito, & les conduire à Guayaquil, oh l'on craignoit une defcente des Anglois. Ils partirent pour cette ville le 6 Décembre 1 7 4 1 , & bien-tôt après pour Lima, ou íes ordres du Viceroi les rappeloient. Outre la prévention nationale que j'avois à combattre dans l'efprit de tous mes juges, les grandes liaifons des deux Officiers efpagnofs avec le Procureur général, étaient pour moi un nouveau fujet d'inquiétude. L'évidence de mon droit ne fuffifoit pas pour me rallurer : je paffai quatre mois dans ces alarmes. Enfin ce magiftrat donna íes conclufions le 25 Avril 1 7 4 2 : elles portoient qu'il étoit de l'honneur de la nation efpagnole, & de la juftice due aux deux Officiers de marine, * Pour qu'on ne puiffe m'accufer d'avoir rien omis qui paroiffe de quelque conféquence, je remarquerai qu'ayant cité dans ma requête un difcours tenu par Don G e o r g e Juan, d'où il réfultoit qu'il ne fe regardoit pas comme chargé de la commiffion de mefurer la bafe, M . Godin, nomm é incidemment dans cette citation, craignit, par une délicateffe que je ne puis blâmer, qu'on ne pût interpréter mon allégation à fon défavan-

t a g e , & en conféquence préfcnta un écrit pour me faire expliquer fur ce qui le regardoit. J e répondis d'une manière fatisfaifante, & il ne répliqua plus. Ainfi, quelque jugement qu'on ait pu porter de cet incid e n t , il n'a formé aucune contradiction réelle, de la part de M . Godin, à tout ce que j'alléguois en faveur de notre caufe commune, ni à ce que lui-même avoit déclaré dans fa pre-

mière requête dont j'ai parlé ci-deffus.


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