Journal du voyage fait par ordre du Roi à l'Equateur

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194 1743. Septembre. Fort de Topayos.

Montagnes.

Xingu, rivière.

Voie d'eau au canot.

INTRODUCTION

à l'embouchure de la rivière de Topayos. Nous mouillâmes le 2 Septembre fous le foit de même nom, où il y a auffi garnifon portugaife. J e fis en ce lieu l'acquifition de plufieurs pierres vertes, connues fous le nom de pierres l'Amazones: elles font fort eftimées des Indiens, qui ont peine à s'en défaire, & elles deviennent fous les jours plus rares. C'eft un vrai jade, pareil à celui d'orient, mais dont on ne connoît plus la carrière, non plus que l'art avec lequel les anciens Indiens ont fu travailler cette matière, malgré fon extrême dureté, & y percer des trous, quelquefois de fix à fept pouces de long, fans aucun outil de fer J'ai remis les plus belles de ces pierres au cabinet du J a r i n du Roi. Le 4 , nous vîmes au nord, à douze ou quinze lieues dans les terres, une chaîne de montagnes parallèles à la rivière, les premières & les feules que nous euffions aperçues depuis que nous avions perdu de vue la Cordelière du Pérou. Le pays entre le fleuve & ces montagnes, paroiffoit entièrement découvert : nous étions, fuivant mes routes, à peu près au fud de Cayenne; & je jugeai dès-lors que ce terrein eût été propre aux opérations que nous avions faites dans la province de Quito. J'eus occafion depuis de me confirmer dans ce jugement. Le 5 au foir, nous entrâmes dans des canaux naturels fort étroits, qui nous conduifirent, par l'intérieur des terres, dans la rivière de Chingou (Xingu), & nous la traversâmes le lendemain un peu au deffus de fon embouchure. Là nous ceffâmes d'être perfecutés des confins des maringoins, qui font la plus grande incommodité de cette navigation. J'ai donné dans ma première relation une raifon plaufible de ce changement. Le même jour, en approchant de terre pour couper quelques morceaux d'un bois dont on vantoit les vertus pour l'hydropifie, une vague nous pouffa contre un éclat de branche caché, qui ouvrit une voie d'eau très - confidérable * Les deux plus beaux morceaux que j'aie rapportés, m'ont été donnés à Cayenne par M . de Lille-Adam Commiffaire de la marine, & par M . Molinier Arpenteur royal de la colonie.


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