Journal du voyage fait par ordre du Roi à l'Equateur

Page 224

172

INTRODUCTION

que celui qui le donnoit eft plus fait pour gouverner un 1742. diocèfe qu'une cure d'Indiens. Août. M. Bouguer arriva le lendemain, après avoir paffé à fon tour une nuit en plein champ ; mais, heureufement, dans un climat doux, & fans incommodité: nous féjournâmes le 2 6 au Quinché, nous en partîmes le 2 7 , & nous nous féparâmes à une lieue de là, pour ne nous plus revoir qu'en France. Il retourna droit à Cotchefqui reprendre ion obfervation. J'arrivai le même foir à Quito, pour dire à cette ville mon dernier adieu, & me rendre en diligence à Tarqui. Dernière reLe 29, je préfentai à l'Audience un procès verbal qui quête à l'Auconftatoit l'ètat des deux pyramides, des infcriptions & c , & dience royale de Quito je ne fongeai plus qu'à mon départ, qui étoit fixé au furiendemain. J e regardois le premier pas que je ferois pour m'éloigner de Quito, comme l'époque de mon acheminement vers la France. Le 3 1 Août, je touchois à ce moment fi long-temps defiré, & j'étois prêt à monter à cheval, lorfqu'il m'arriva l'accident le plus cruel & le plus imprévu : je ne m'en rappelle pas encore tranquillement le fouvenir. Vol de mes Sur le midi, rentrant chez moi, d'où je m'étois abfenté papiers d'obferquelques inftans pour hâter mes muletiers, je trouvai la porte vations. de mon cabinet forcée, je ne vis plus une caffette que j'avois laiffée fur ma table, & qui contenoit, avec l'argent deftiné pour le voyage, tous mes journaux d'obfèrvations, & mes calculs de la méridienne mis au net. J'avoue que je fus près de me livrer au défefpoir, & que je ne lais ce qui me feroit arrivé, fi les mouvemens que je me donnai, le monitoire que j'obtins & qui fut publié le jour même, la vivacité avec laquelle le Corrégidor » prit la chofe, & enfin la promeffe que je fis d'abandonner les efpèces & quelque vaiffelle d'argent qui faifoit partie du vol, ne m'euffent procuré la reftitution de prefque tous mes papiers environ quarante heures après b

a

Don Jofeph Sanchez Marquis Solanda. Ily avoit dans la même caffette, plufieurs pendans d'oreille & de narine des anciens i n d i e n s , d'un or de

b

fort has, allié fur cuivre ; de petits ouv r a g e s délicats, d'un or très-fin, trouvés près de l'embouchure de la rivière de Sant-lago, ainfi que quelques émeraudes percées à j o u r , & c .


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.