Journal du voyage fait par ordre du Roi à l'Equateur

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114.

1741. Avril.

Mai. Indifpofition de M. Bouguer.

Vins du Pérou.

INTRODUCTION

autre accident imprévu, j'avois fait fceller à part dans le mur, & tout proche du bout oculaire, une petite plaque d'argent planée, où j'avois marqué de diftance en diftance des points, & tracé des tranfverfales. Un fil de pite long de 1 4 pieds, attaché au bout fupérieur de la lunette, près de l'objectif, & chargé d'un poids de deux onces, rafoit le petit limbe fcellé dans le mur. Ce fil devoit toujours répondre au même point du limbe, fi la fituation de la lunette étoit invariable; & l'aplomb devoit changer, fi la muraille travailloit par l'humidité, ou par quelqu'autre caufe. Je tenois compte, à chaque obfervation, des différences que je remarquois dans l'aplomb, pour voir fi elles s'accordoient avec les changemens appareils de diftance de l'étoile au zénith, que je mefurois par le micromètre. Depuis l'accident arrivé aux foies du foyer de la lunette, que l'humidité avoit détendues, je ne pus revoir l'étoile que le 1 4 Avril. Le 2 1 , je reçus des nouvelles de M . Bouguer: il m'écrivoit de Tarqui qu'il n'avoit pas été moins contrarié que moi par les mauvais temps jufqu'au commencement du même mois, & il me marquoit qu'il ne faifoit pas grand fond fur fon premier réfultat du mois de Mars, qui n'étoit tiré que de deux obfervations, dont il ne me communiquoit pas le détail. Il n'étoit pas content de l'oculaire de la lunette du fecteur, & m'en demandoit un autre, que je lui envoyai. Peu de temps après, M. Bouguer me manda qu'il avoit été obligé de fufpendre fon travail par divers obftacles entre autres par une incommodité à laquelle il ne devoit pas s'attendre, vû le genre de vie très-philofophique qu'il menoit dans fa folitude: il y faifoit affez d'exercice, le lait étoit fon aliment le plus ordinaire, & il y avoit quatre ans qu'il n'avoit bû de vin. C'eft dans ces circonftances qu'il eut un accès de goûte, qu'il, n'avoit jamais connue. J e remarquerai à cette occafion, que les vins de Lima, qu'on tranfporte à Quito dans des jarres, ne font point cuvés ; ce qui les rend, dit-on, mal-faifans. D'ailleurs, ces jarres font enduites d'un goudron qui communique au vin un goût qui m'y avoit fait renoncer, & qui n'étoit pas encore à la mode


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